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fit de remarquables progrès, et sous Louis XVI les relations avec l’Inde se multiplièrent beaucoup. Il est superflu de rappeler que la guerre maritime, qui, durant la révolution et l’empire, fut une calamité pour les ports, n’épargna pas Le Havre. Sa population n’égalait pas en 1814 celle de 1723 ; c’est à partir de cette époque qu’il a pris un essor dont le terme est probablement encore bien éloigné.

À la paix générale, tout était à créer pour le commerce, matériel, personnel naval, et jusqu’aux relations. Cependant en 1825 on était arrivé à un mouvement international d’entrée et de sortie de 1,380 bâtimens et de 256,242 tonneaux. Ce même mouvement a été en 1858 de 4,770 bâtimens et de 1,434,617 tonneaux, et ce n’est point l’année la plus prospère de la série. Si c’était ici la place de la reproduction des états de navigation, l’analyse des chiffres annuels qui conduisent du premier terme au dernier ferait voir que chaque progrès des communications, depuis les chemins vicinaux jusqu’aux chemins de fer, est la cause et le signal d’un accroissement d’activité de la navigation. Les progrès de la navigation fluviale ont les premiers réagi sur le mouvement du port. Ces patiens et modestes labeurs n’exercent pas seuls leur influence sur l’activité féconde dont les états de tonnage sont l’expression La récolte bonne ou mauvaise, et mille autres faits économiques difficiles à définir, affectent gravement la condition des établissemens maritimes. Parfois aussi il ressort des registres de navigation des leçons de sagesse dont le public profite rarement. Ainsi le mouvement total du port du Havre, cabotage compris, était en 1846 de 1,496,394 tonneaux, en 1847 de 1,674,921 tonneaux, et cette progression promettait de se maintenir. La révolution de 1848 éclate, et il tombe en 1849 à 1,111,081 tonneaux. Les deux exercices les plus élevés de la série ont été de 2,108,713 tonneaux en 1856, de 2,158,429 tonneaux en 1857. Les inquiétudes qui travaillent l’Europe ne sont pas encore assez justifiées pour qu’on puisse distinguer les causes qui ont réduit le mouvement de 1858 à 1,700,538 tonneaux.

Les progrès, la stagnation ou la décadence du commerce, l’affluence ou la rareté des navires qui prennent l’embouchure de la Seine pour but ou pour point de départ, ont imprimé en caractères saillans leurs traces sur la plage du Havre, et le langage du dessin est presque le seul qui puisse rendre la série de transformations qu’a subies l’atterrage depuis 1516. Ceux qui tiendraient à connaître ces vicissitudes ne trouveront nulle part à satisfaire aussi largement leur curiosité que dans l’Histoire du port du Havre, publiée en 1837 par M. Frissard, inspecteur général des ponts et