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de plusieurs grands personnages de Tamatave et des provinces voisines qui se rendaient, comme lui, à la capitale. Madagascar n’a pas encore d’autres routes que celles qu’y ont tracées les sabots des bœufs et les pieds nus des indigènes. Ceux-ci n’emploient ni chariot ni bêtes de somme ; les bagages étaient donc portés à dos d’hommes renfermés dans des caisses recouvertes de longues feuilles de pandanus liées avec les tiges flexibles d’une espèce de vigne vierge, ce qui leur constitue une enveloppe imperméable, même dans les fortes pluies. Parmi ces caisses, il y en avait une qui était l’objet d’égard particuliers, que l’on ne touchait qu’avec le plus grand respect, et sur laquelle s’asseoir eût été un sacrilège ; c’était celle dans laquelle le voyageur avait déclaré que les présens destinés à la reine étaient contenus. Une longue file d’esclaves et de serviteurs à gages, les un avec leurs fardeaux sur les épaules, les autres les portant suspendu à de longs bambous, cheminait lentement, et au milieu de cette caravane s’avançaient dans leurs palanquins les seigneurs hovas et le missionnaire. C’était l’administration qui avait fourni à celui-ci son palanquin, et à cette occasion il avait eu un exemple du système de réquisitions mis en usage par le gouvernement. La grande toile de rofia destinée à protéger son véhicule contre la pluie et le soleil avait été oubliée ; aussitôt, sur un ordre du gouverneur, deux matrones, suivies de vingt trois jeunes filles, se présentèrent, et en un moment l’ouvrage fut confectionné.

À neuf milles au sud de Tamatave, le voyageur passa l’Hivondro, large rivière infestée de crocodiles, qui coule à travers des rives plates et boisées ; il marchait parallèlement à la mer, et le paysage changeait souvent d’aspect, offrant le spectacle successif de forêts, de lagunes, de plaines de sable, de fougères et de hautes bruyères. La caravane franchit en toute hâte une région désolée : c’était une forêt morte tout entière, et cependant encore debout ; les arbres sans feuilles et sans écorce, revêtus d’une teinte blanchâtre, entremêlaient leurs rameaux desséchés ; seules des orchidées et quelques fougères, rampant sur les troncs et le long des branches, donnaient signe de vie, et des marais stagnans exhalaient leurs miasmes impurs dans cette atmosphère de fièvre et de mort. La côte entière est insalubre ; cependant de distance en distance apparaissaient quelques villages dont les habitans, qui subsistent de pêche et d’un peu de culture, ne paraissent pas souffrir de ce climat, aussi pernicieux aux indigènes de l’intérieur qu’aux Européens. C’est là que croissent, au milieu des mangroves, des palmistes et des magnolias, le strychnos et le tangène, dont les principes vénéneux ont joué un grand rôle dans le système judiciaire de Madagascar : les accusés buvaient le suc du tangène, et les questions de culpabilité étaient