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les mains des contribuables intelligens, et de proportionner les influences personnelles à la somme des taxes payées.

On atteignit ainsi l’année 1824, où l’on s’occupa de nouveau de réprimer la criminalité du paupérisme, en spécifiant trois classes d’individus : les personnes tombées à la charge du public par suite de leur paresse et de leurs désordres, les rogues et vagabonds, les rogues incorrigibles. La première catégorie fut punie d’un mois de prison avec travail forcé, la seconde de trois mois de la même peine, la troisième de douze mois et du fouet, à la discrétion des juges de paix.

Jusqu’au règne de George IV, les aliénés indigens étaient restés exposés aux traitemens les plus cruels. Peut-être la longue démence du dernier roi inspira-t-elle enfin à son fils quelque intérêt pour les êtres saisis de ce mal affreux au sein de la misère. Un statut de 1828 autorisa les juges de paix à faire construire un asile d’aliénés, soit pour un seul comté, soit pour plusieurs comtés voisins, au moyen de souscriptions volontaires, de taxes ou d’emprunts. Il fut en outre enjoint à ces magistrats d’assurer dans tous les cas aux malheureux atteints d’aliénation mentale l’entrée et le traitement d’un hôpital public ou de quelque maison autorisée à recevoir cette espèce de malades.

La législation n’avait pas encore tenu compte des recommandations du comité de 1817 relativement aux fermes paroissiales. Par un acte de 1831, l’étendue des terres que les paroisses pouvaient acheter ou louer pour occuper les ouvriers sans ouvrage fut portée de 20 acres à 50. Un autre statut de la même année autorisa les marguilliers et les inspecteurs à détacher, avec le consentement de la trésorerie, 50 acres des terres appartenant à la couronne pour les affecter au soulagement de la misère. On admettait encore que les individus qui ne pouvaient pas ou qui déclaraient ne pas pouvoir se procurer du travail devaient être employés d’une manière quelconque au compte de la communauté. Le principe qui imposait aux fonctionnaires paroissiaux le devoir de trouver de l’emploi pour tout le monde, principe qui résultait du statut de la cinquante-neuvième année du règne de George III, avait maintenu jusqu’alors ses pernicieux effets. On chercha un autre expédient dans le renvoi des pauvres nés à Guernesey, à Jersey, en Écosse et en Irlande ; mais il y avait trop d’indigens bretons de naissance pour que cette violence allégeât suffisamment le fardeau des taxes. En 1834, la population était de 14,372,000 âmes, et les fonds de l’assistance, indépendamment des taxes de comtés et de paroisses, s’élevaient à plus de 6 millions de livres sterling, ce qui faisait par personne 8 shillings 9 pence 1/2. Ils avaient quintuplé depuis 1760, tandis que la