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en tire étant digne par sa délicieuse saveur d’être servi sur la table des dieux. Le theobroma cacao est un arbre de grandeur moyenne, pouvant atteindre, suivant la richesse du sol et la température des climats, une hauteur de 5 à 10 mètres. Sa tige droite[1] se termine en une cime formée de rameaux grêles allongés, recouverts d’une écorce jaunâtre, portant des feuilles alternes ovales, pointues, vertes et lisses à l’époque de leur entier développement, tandis que les feuilles naissantes à l’extrémité des ramifications offrent une jolie teinte rosée qui contraste agréablement avec le vert intense et luisant du feuillage plus ancien sur le même arbre. Ses fleurs offrent, à l’extrémité de grêles pédoncules disposés en petites touffes, un calice rose à cinq divisions et une corolle jaune à cinq pétales, marqués d’une tache purpurine vers la base. Elles se développent sur les grosses branches et la tige, qui parfois en est garnie jusqu’à terre[2]. Entre ces fleurs si petites et le fruit volumineux qui leur succède durant toute l’année, il existe une disproportion singulière[3].

Le fruit dans cette espèce cultivée ressemble à un petit concombre ovoïde de couleur verte d’abord, puis jaune et tacheté de rouge écarlate ou violacé vers l’époque de sa maturité, terminé en pointe émoussée, long de 15 à 22 centimètres, à côtes épaisses, au nombre de dix d’abord, divisé dans l’intérieur en cinq loges contenant chacune huit ou dix ovules. Les cloisons membraneuses disparaissent par degrés, laissant enfin une seule loge ou grande cavité remplie de graines superposées, au nombre de vingt-cinq ou quarante, aplaties par leur mutuelle pression. La forme et la grosseur de ces graines rappellent les dimensions des fèves, bien qu’elles soient un peu plus arrondies. Les graines de l’arbre à cacao contiennent l’amande aromatique alimentaire ; elles sont recouvertes d’un dur tégument ou enveloppe crustacée mince et ligneuse, facile à éliminer, entourées d’une pulpe légèrement sucrée, aigrelette, source de pertes, de difficultés, et de mécomptes durant la récolte et la préparation. Souvent en effet les nègres cueillent ces fruits uniquement en vue de se rafraîchir avec le jus de la pulpe, et rejettent les graines non encore mûres à point. Toujours d’ailleurs les faciles altérations spontanées de cette pulpe exigent de grands soins pour en régler l’inévitable fermentation, fatale parfois, lorsqu’on lui laisse parcourir ses phases ou seulement trop s’avancer.

  1. Cette tige à écorce brune est formée d’un bois poreux, léger, blanchâtre, abondant en sève par toutes les saisons, à moins que l’arbre ne soit sur son déclin.
  2. Les fleurs naissantes sur le tronc se montrent aux points marquant les aisselles des feuilles spontanément détachées de l’arbre.
  3. Le diamètre d’un bouton au moment où la fleur s’épanouit n’excède guère 4 millimètres, tandis que le petit diamètre du fruit atteint 12 centimètres en moyenne.