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tiles, se prêtèrent à un rapprochement. Quelle pouvait être la cause de ce dénoûment soudain? La date l’indique. Les événemens qui se passèrent alors en France précipitèrent, selon toute apparence, la réconciliation de la Prusse et de l’Autriche : elles signèrent, le 19 février 1853, un traité de commerce, et rendirent facile la reconstitution du Zollverein, que prorogea, pour une nouvelle période de douze années, la convention du 4 avril de la même année.

Le traité passé entre la Prusse (au nom du Zollverein) et l’Autriche stipule de nombreuses concessions en matière de commerce et de navigation; mais ce qui lui donne le plus d’importance, c’est la clause de l’article 25, en vertu duquel « les commissaires des états contractans doivent se réunir en 1860 pour négocier l’union douanière austro-allemande, ou, dans le cas où cette union ne pourrait se réaliser, pour négocier des facilités commerciales plus étendues, ainsi que le rapprochement et l’assimilation, autant que possible, des tarifs de douane respectifs. » Ainsi, après tant de démarches qui avaient failli compromettre la paix intérieure de l’Allemagne, le cabinet de Vienne obtenait, en 1853, la consécration officielle de ses prétentions à faire un jour partie du Zollverein. De son côté, le cabinet de Berlin avait réussi à reculer jusqu’en 1860 une éventualité qu’il avait conjurée de tous ses efforts. Chacun des deux gouvernemens sortait de la lutte avec un demi-triomphe ; il semble pourtant que l’avantage le plus décisif demeurait à la politique autrichienne, qui obtenait à la fois le bénéfice immédiat d’un traité de commerce et l’espoir d’une fusion assez prochaine avec la grande association. Quant au Zollverein, sa seconde période n’avait pas été aussi brillante que la première. Les discussions qui s’élevèrent entre la protection et le libre-échange, les débats entre la Prusse et l’Autriche, la marche incertaine que ces graves incidens imprimèrent à la législation, tiraillée alternativement en divers sens, devaient nécessairement exercer une influence peu favorable. Nous voyons en effet les recettes de douanes rester à peu près stationnaires, bien que le territoire de l’association se fût agrandi. Le Zollverein a inauguré sa troisième période avec un territoire de 9,131 milles carrés et une population de 32 millions et demi d’habitans.


III.

Si l’on excepte les traités conclus le 26 janvier 1856 avec Brème, traités qui, sans altérer l’indépendance commerciale de ce port, l’ont rattaché pour certains détails de navigation, d’entrepôt et de transit, aux destinées du Zollverein, l’intérêt de cette troisième période réside à peu près exclusivement dans les efforts que l’Autriche a déjà tentés, à diverses reprises, en vue de se rapprocher