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partie de la confédération. Les conséquences de cette situation se manifestèrent par un acte éclatant, lorsqu’en 1849 le parlement de Francfort offrit à Frédéric-Guillaume IV la couronne impériale. C’était à la maison de Hohenzollern, au souverain qui en 1847 avait accordé à ses sujets le régime constitutionnel, que l’Allemagne libérale entendait confier ses destinées. L’influence de la maison de Habsbourg avait cessé de régner au-delà du Rhin.

Brusquement tirée de son lourd sommeil par la crise de 1848, la politique autrichienne n’eut que le temps de se mettre en campagne. Elle avait changé de chefs et de système. A l’inertie calculée du prince de Metternich succédait l’aventureuse énergie du prince Schwarzenberg. Dès que les révoltes eurent été comprimées et que l’autorité impériale fut rétablie à Vienne, le ministre autrichien porta ses regards sur l’Allemagne, jugea la situation, et s’occupa de regagner le terrain perdu. C’était au moyen de réformes économiques, par une association de douanes, que la Prusse avait éclipsé l’Autriche : la maison de Habsbourg n’avait plus le choix des armes; les réformes douanières pouvaient seules lui rendre son ancien prestige, en lui permettant de prendre part à la vie économique de l’Allemagne. Il fallait qu’elle se fit ouvrir les portes du Zollverein, ou, si elle échouait, qu’elle travaillât à la dissolution prochaine de l’association, pour recomposer à son tour, avec les états qu’elle aurait l’habileté de rallier à son système, une seconde union douanière. Ce plan fut adopté, et le prince Schwarzenberg en remit l’exécution au ministre du commerce, M. de Bruck, homme nouveau, sorti des rangs de la bourgeoisie et arrivé au pouvoir pendant la tourmente de 1848, à l’une de ces époques où les plus altières aristocraties se voient obligées de chercher le talent au-dessous d’elles et de créer des parvenus.

M. de Bruck avait à mener de front deux œuvres également difficiles. D’une part, il devait procéder au remaniement complet du tarif autrichien, encore tout hérissé de prohibitions, de telle sorte que ce tarif se rapprochât autant que possible de celui du Zollverein : autrement toute pensée d’union fût demeurée irréalisable; d’autre part, il devait entreprendre par toute l’Allemagne une propagande officielle et non officielle, afin d’habituer en même temps les cabinets et l’opinion publique à la pensée d’une association austro-allemande. Pour ses réformes de tarif, il avait à lutter contre les manufacturiers, qui goûtaient fort, en matière de prohibitions, le système de M. de Metternich; dans son travail de propagande, il allait inévitablement se heurter contre le mauvais vouloir de la Prusse, qui avait tout intérêt à écarter du Zollverein une influence au moins rivale. Après avoir institué une commission administra-