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L’étude de l’électricité atmosphérique est d’autant plus importante que ce n’est pas seulement par une action directe sur nos nerfs et nos muscles qu’elle affecte notre économie; elle en exerce encore une autre par l’intermédiaire de l’air, dont elle modifie la constitution. L’électricité détermine dans l’atmosphère la formation de l’ozone, qui paraît n’être qu’une modification particulière de l’oxygène. L’ozone se reconnaît à une odeur propre, moitié sulfureuse et moitié phosphorique, qui frappe notre odorat lorsqu’on développe de l’électricité à l’aide des machines. Ce gaz a la propriété de se combiner avec des corps sur lesquels l’oxygène ordinaire n’exerce aucune action. Il agit comme le chlore, par exemple, sur les couleurs végétales, c’est-à-dire qu’il les détruit. Un savant auquel on est redevable de la plus grande partie de ce que nous savons sur l’ozone, M. Schœnbein, est parvenu à préparer ce gaz chimiquement et à fabriquer de l’ozone ayant les mêmes propriétés que celui qui est dû au développement électrique. Son ozone décompose, ainsi que l’ozone électrique, l’iodure de potassium, phénomène dont l’habile chimiste s’est servi pour constater la présence de ce principe dans l’atmosphère. Comme les moindres altérations qui s’opèrent dans l’air que nous respirons exercent une influence considérable sur notre économie, il est bien sûr que la formation de l’ozone ne peut s’effectuer sans qu’il en résulte sur le corps humain une influence importante à constater, et dont l’étude se trouve ainsi associée à celle de l’électricité atmosphérique. Déjà certains médecins ont cru avoir découvert que l’ozone a la propriété de décomposer les miasmes, en sorte que sa présence dans l’air exercerait une influence heureuse dans les épidémies. D’autre part, on prétend aussi avoir observé que l’apparition du choléra est liée à une diminution notable de la quantité d’ozone dans l’atmosphère, ce qui ferait supposer que l’apparition de la terrible maladie tient à un changement dans l’état électrique de l’air. Ces faits, en apparence assez discordans, ne sont pas du reste suffisamment établis, et la science a certainement de ce côté une longue route à parcourir.

Un autre ordre de questions que soulève l’électricité, le rôle qu’elle joue dans la constitution de l’univers, est entouré d’un voile encore plus épais. Nous ne faisons que soupçonner l’analogie qui lie les phénomènes électriques aux phénomènes lumineux et calorifiques. Produits les uns et les autres par le mouvement de particules subtiles dont nous ne percevons que les composés, ils semblent n’être que des formes diverses de l’action due à l’ébranlement des molécules, à leurs attractions et à leurs répulsions réciproques, déterminées par les milieux dans lesquels elles se meuvent. Du mouvement et de la matière, voilà donc en dernière analyse à quoi semblent se réduire les phénomènes de la nature. Les particules se