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verticale. L’électro-magnétisme, tour à tour développé ou non, suivant que le courant passe ou est interrompu, soulève l’aiguille ou la laisse en repos. Tel est en quelques mots le principe de cette machine merveilleuse, à laquelle l’inventeur, et depuis M. Froment, ont fait subir de notables perfectionnemens.

D’autres applications de l’électro-magnétisme prouvent avec non moins d’évidence l’étendue des ressources qu’on peut tirer du jeu combiné des attractions magnétiques. Citons l’appareil électrotrieur, destiné à séparer de sa gangue le fer extrait de la mine. Des barres de fer doux disposées autour d’une roue, en s’aimantant temporairement, attirent le minerai pulvérisé et le séparent ainsi des matières étrangères auxquelles il est associé. On a essayé de faire usage de l’électro-magnétisme pour obtenir une plus grande adhérence des locomotives sur les rails des chemins de fer, adhérence nécessaire quand la voie s’incline sensiblement, car autrement les roues des locomotives tourneraient sur elles-mêmes sans avancer, ou, comme disent les gens du métier, patineraient. M. Nicklès a proposé de faire usage d’électro-aimans placés le plus près possible des rails, de manière à exercer sur eux une action très puissante. On emploie aussi avec succès dans le service des chemins de fer un courant électrique pour mettre instantanément tous les freins en action, dès que le mécanicien veut arrêter le convoi.

J’ai noté plus haut le rôle que joue l’électricité dans les actions chimiques. La perturbation moléculaire qui s’opère alors est peut-être la source la plus puissante d’électricité. La force électrique neutralisée dans les corps est employée en grande partie à en maintenir les molécules, et la quantité que cette fonction nécessite est vraiment prodigieuse. D’après l’évaluation de M. Faraday, les élémens d’une simple molécule d’eau renferment 800,000 charges d’une batterie électrique de huit jarres égales ayant 0m,2 de hauteur, 0m,06 de tour, charges obtenues avec trente tours d’une puissante machine électrique. Donc, si la grande quantité d’électricité dissimulée au fond de ce gramme d’eau devenait libre,-il se produirait une détonation capable d’ébranler tout un édifice. On comprend quelle source inépuisable d’électricité doivent être les actions chimiques, et quel parti on en peut tirer dans l’application. Que l’on fasse agir un liquide sur un solide comme dans la pile voltaïque, que l’on mette en présence deux dissolutions ou que l’on amène des gaz à exercer une action sur certains corps, il y a production d’électricité, il y a courant électrique accusé par le galvanomètre, et c’est surtout l’électricité dynamique qui se manifeste avec force en de telles opérations. La pile voltaïque n’est donc pas le seul appareil qui détermine des courans, et les plus simples expériences de chi-