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distance, les phénomènes d’attraction et de répulsion, et d’autres encore, qui s’accomplissent sous nos yeux avec nos machines. où peut par exemple déterminer la déviation, dans un sens ou dans un autre, de l’aiguille d’un galvanomètre, c’est-à-dire d’un instrument destiné à signaler la présence d’un courant électrique. Si, par une convention préalable, on s’entend sur le sens attribué à cette déviation, si l’on suppose qu’une déviation à gauche représente telle lettre de l’alphabet, deux déviations dans le même sens telle autre, etc., on aura aussitôt tout un système télégraphique, et plus les fils conducteurs seront nombreux, plus on multipliera les moyens de communication; on se formera tout un ensemble de lettres et de signes conventionnels. Voilà donc les télégraphes électriques constitués. Par des courans successivement transmis et interrompus, on fera mouvoir un aimant ou un électro-aimant agissant au besoin sur un mécanisme particulier, et l’on enverra une dépêche. En construisant des appareils transmetteurs et récepteurs convenables, on sera pourvu de tous les moyens de correspondre à distance avec la rapidité même de l’électricité dynamique.

Les télégraphes électriques ont été souvent décrits[1], et nous ne reviendrons sur ce sujet que pour signaler quelques particularités nouvelles qui s’y rattachent. Ces appareils si ingénieux ont en effet leurs causes d’erreur et leurs inconvéniens. Comme c’est un courant électrique qui opère la transmission, dès qu’une circonstance vient à troubler la circulation de ce courant, les indications cessent ou deviennent fautives. Déjà les fils conducteurs par eux-mêmes peuvent fournir à la foudre des moyens de propagation dangereux. On a vu parfois, et tout récemment encore, au milieu de violens orages, des étincelles se produire dans les bureaux de station. Aussi a-t-on proposé plusieurs parafoudres, afin de garantir les télégraphes contre les effets de l’électricité atmosphérique et d’empêcher la transmission imprévue de fortes décharges. Il y a plus, l’électricité atmosphérique fait naître dans les fils conducteurs des courans induits instantanés qui faussent les indications, et à cela on n’a pas encore remédié. La foudre n’est pas la seule cause perturbatrice qui agisse sur les télégraphes électriques; comme on y emploie les aimans, tout ce qui tend à troubler la distribution de la force magnétique apporte aussi une perturbation dans le fonctionnement de la télégraphie. On a remarqué tout dernièrement, à la suite de l’aurore boréale qui s’est manifestée dans la nuit du 28 au 29 août, que la transmission, d’abord embarrassée en certains points, a fini par être interrompue; les sonneries des fils inoccupés pendant la nuit

  1. Notamment dans la Revue du 15 août 1849 et du 1er juin 1853.