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II.

On comprend quelle perspective étendue un phénomène aussi général que l’électricité ouvre aux applications. Ce phénomène était à peine connu, que déjà on en tirait des inventions restées glorieuses; mais c’est surtout depuis la découverte des phénomènes électro-dynamiques que les applications se sont succédé avec rapidité, en étonnant l’esprit humain. L’histoire de tant de découvertes nous écarterait du plan de cette étude; je veux ici simplement noter le parti que, dans quelques-unes des applications de l’électricité, on a tiré des notions nouvelles, dues la plupart aux idées plus exactes qu’on s’est formées du jeu des forces électriques.

On a construit trois sortes d’appareils pour produire l’électricité: la machine électrique, la pile voltaïque, et la machine magnéto-électrique. Ces trois appareils, quoique capables de faire naître l’électricité sous toutes les formes, sont cependant plus particulièrement aptes à donner chacun une électricité particulière. La machine électrique détermine des décharges, la pile donne naissance à des courans continus, la machine magnéto-électrique développe des courans discontinus. Aussi, tandis que la machine électrique n’a été la source que d’un petit nombre d’applications, les deux autres appareils ont suggéré les inventions les plus précieuses. S’agit-il d’opérations chimiques, la pile voltaïque exécute ce qu’on avait vainement tenté avec les réactifs; veut-on obtenir certains mouvemens, les machines magnéto-électriques présentent l’immense avantage de les produire, non par l’emploi d’un moteur mécanique, mais par l’action d’une force physique qu’on développe ou qu’on anéantit à volonté. Les machines magnéto-électriques ont aussi produit d’ailleurs des effets chimiques analogues à ceux de la pile; mais comme les courans qu’elles développent sont discontinus et dirigés alternativement en sens contraire, il en résulte des effets un peu différens de ceux que détermine la pile.

La machine électrique et l’appareil de Volta sont des instrumens trop connus pour qu’il convienne d’en parler. Les machines magnéto-électriques sont d’invention plus récente, d’un emploi par conséquent moins populaire, et il est bon d’en dire quelques mois. La facilité avec laquelle le fer doux acquiert et perd son magnétisme, la rapidité du changement dans le sens de ce magnétisme suivant celui du courant qu’il développe, ont été utilisées pour donner naissance à des mouvemens de va-et-vient et de rotation. On a donc construit des machines dont le principe moteur a pour base l’aimantation que produit dans des barreaux de fer doux le pas-