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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 juillet 1859.

La paix qui met fin à la guerre même la plus courte ne se fait point en un jour : nous en avons la preuve sous les yeux. Nous sommes dans cette situation singulière et grave : il n’est encore possible ni de mesurer toutes les conséquences de la guerre qui vient de finir, ni de discerner clairement le caractère et les tendances du brusque arrangement par lequel la paix est inaugurée. Jusqu’où ira l’ébranlement donné aux intérêts et aux esprits non-seulement en Italie, mais dans l’Europe entière, par notre récente lutte contre l’Autriche ? Un ordre nouveau, et quel peut-il être ? va-t-il s’établir pour l’Italie sur les bases convenues à Villafranca ? Et quelle influence les derniers incidens exerceront-ils sur les relations réciproques des grands états de l’Europe ? Nous croyons que la toute-puissance elle-même ne fournit point à ceux qui la possèdent des lumières suffisantes pour percer l’obscurité crépusculaire où plongent encore ces difficiles questions. Ceux qui, comme nous, sont privés de toute action directe sur les événemens sont, à plus forte raison, tenus d’être sobres dans leurs prévisions et réservés dans leurs conjectures.

L’ensemble des faits qui se sont produits depuis quinze jours n’a point été assurément de nature à redresser les incertitudes et les perplexités de l’opinion. Avant de connaître les détails précis des préliminaires de Villafranca, nous avons appris par un discours de l’empereur que ce traité n’était point la complète exécution de son programme, et que ce n’est pas sans regret qu’il s’est cru forcé de le conclure. L’on avait été généralement surpris de la soudaineté de la paix, et l’on se demandait avec curiosité quelles avaient pu être les raisons d’une résolution si imprévue. L’empereur a indiqué quelques-uns des motifs qui l’ont décidé à offrir la paix à l’Autriche ; mais voilà que l’empereur d’Autriche, se croyant tenu de son côté à justifier sa prompte adhésion aux offres de la France, a exposé, lui aussi, ses