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de France, qui pouvait d’une étincelle enflammer tous ces élémens incandescens accumulés au midi comme au nord de l’Italie.

C’est alors que Ferdinand II, fils du dernier roi, petit-fils de la reine Caroline d’Autriche et de Ferdinand Ier, montait au trône comme pour dénouer l’inextricable nœud des affaires napolitaines par un nouveau règne, par la main d’un prince heureusement affranchi de toutes les solidarités du passé. Le nouveau roi avait vingt ans à peine en effet ; il était né le 12 janvier 1810 à Païenne, ce dernier refuge de sa maison exilée. Il n’avait pris part qu’un instant au gouvernement, quand son père était allé conduire la reine Marie-Christine en Espagne, et dans ce court essai du pouvoir il avait laissé pressentir un roi. Ferdinand II n’était pas ce qu’on pensait ; mais il avait de la jeunesse, des dispositions heureuses, cette bonhomie populaire devenue le caractère des Bourbons de Naples, de la finesse unie à une certaine fermeté, et dès le premier moment il montrait des allures qui contrastaient singulièrement avec celles des deux princes qui l’avaient précédé. Soit instinct naturel, soit calcul, ce roi nouveau sentait la nécessité de populariser son pouvoir naissant, d’adoucir les ressorts d’un gouvernement compromis par ses excès, d’agir en un mot autrement qu’on ne l’avait fait avant lui. De là les premiers actes qui signalaient ce commencement de règne et semblaient inaugurer une ère nouvelle.

L’armée surtout était dès l’origine l’objet des prédilections visibles de Ferdinand II. Cette armée, qui était restée suspecte depuis la révolution de 1820, que les deux derniers rois se plaisaient à railler parfois de leurs bouffonneries méprisantes et injurieuses, à laquelle on avait préféré les soldats de l’Autriche, puis des régimens suisses, était habilement caressée dans sa fierté et dans ses intérêts. Le roi François Ier, voyant le goût de son fils pour les soldats napolitains, se moquait fort de lui et lui disait dans une occasion : « Habille-les comme tu voudras, ils fuiront toujours. » Ferdinand II ne pensait pas ainsi. Comme vicaire du royaume pendant le voyage de son père en Espagne et bientôt comme roi, il cherchait au contraire à réveiller l’esprit militaire dans l’armée napolitaine. Il rappelait à l’activité les officiers qui avaient servi sous Murat et qui avaient été disgraciés. C’est de ce temps que date la faveur du général Filangieri. Sans être un soldat pas plus qu’un général, Ferdinand II se plaisait avec les troupes ; il aimait l’uniforme et la manœuvre, et le jour où il prenait possession de la couronne il offrait au peuple de Naples le spectacle nouveau pour lui d’un prince à cheval au milieu de son armée. Ce n’était pas un goût futile de parade militaire, comme le pensaient quelques esprits légers, c’était une politique plus habile et plus clairvoyante. En agissant ainsi, Ferdinand II