l’Espagne rentrait peu à peu par ses princes en possession de l’Italie : don Carlos régnait à Naples, et don Philippe allait régner à Parme ; mais ces dynasties espagnoles se faisaient italiennes par l’interdiction que les traités de Madrid et de Naples de 1759 imposèrent aux Bourbons d’Italie de ne jamais réunir sur leur tête l’Espagne et les états d’Italie. L’Autriche garda la Lombardie, et un archiduc autrichien régna à Florence. Tel est l’état de choses fixé en Italie par le traité d’Aix-la-Chapelle en 1748, et jusqu’aux grandes guerres de la révolution et de l’empire cet état de choses ne changea pas. En 1795, avant le traité de Campo-Formio (1797), la carte de l’Italie avait encore tous les états que le traité d’Aix-la-Chapelle y avait reconnus ou établis : au nord le Piémont, le duché de Milan, la république de Venise ; au nord encore, mais en se rapprochant de la Méditerranée, la république de Gênes, le duché de Parme et Plaisance, le duché de Modène, la république de Lucques ; au centre, le grand-duché de Toscane, les États-Romains ; au midi, le royaume des Deux-Siciles. Voilà l’Italie telle que le XVIIIe siècle nous l’a léguée ; il nous reste à voir ce que le XIXe siècle en a fait et est en train d’en faire. Mais avant d’aborder cette seconde partie de nos recherches, je dois comparer rapidement les événemens que nous venons de voir passer sous nos yeux avec les principes que j’ai indiqués au commencement de cette étude.
1o L’indépendance et la neutralité de l’Italie sont depuis deux siècles le vœu et le travail de la diplomatie européenne.
C’est à ce vœu et à ce travail qu’il faut rapporter les efforts faits par la diplomatie du XVIIIe siècle pour réprimer la prépondérance que le traité d’Utrecht avait donnée à l’Autriche en Italie. Au traité d’Aix-la-Chapelle, cette prépondérance n’existe plus. La maison de Bourbon à Parme et à Naples fait contre-poids à la maison d’Autriche à Milan et à Florence. Il y a trois puissances en Italie, l’Autriche, l’Espagne devenue italienne, le roi de Sardaigne, et ces trois puissances se font équilibre ; les républiques de Venise et de Gênes, les états pontificaux sont protégés et garantis par cet équilibre. L’Italie n’a pas encore une indépendance complète, et par conséquent sa neutralité n’est pas encore possible, car il n’y a et il ne peut y avoir de pays neutres que ceux qui sont indépendans. Tant qu’il y aura en Italie un état étranger, sa neutralité n’est pas praticable. Supposez en Italie un état appartenant à la France, quiconque aura la guerre avec la France attaquera la France en Italie. Si la Lombardie continue à être autrichienne, il est impossible que