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symétrique. Ces étages de pleins cintres, parallèles et réguliers, sembleraient avoir été taillés de main d’homme, et cependant il est facile d’en expliquer la formation par la théorie des soulèvemens graduels et des lentes dépressions de l’écorce terrestre. En effet, la masse de la falaise semblerait avoir été formée par des couches de sable et d’argile qu’apportaient tour à tour les eaux jaunâtres du Missouri ou les eaux plus limpides du Haut-Mississipi, descendant alternativement par le même canal. Par suite de l’espèce de coction que la chaleur du soleil, l’air ou le poids de nouvelles couches font subir aux alluvions, les couches vaseuses se sont graduellement transformées en couches d’ardoise séparées l’une de l’autre par des assises de sable. Plus tard, les mouvemens du sol ont soulevé au-dessus du fleuve ces assises que l’on voit maintenant se dessiner en longues corniches sur la façade du rocher. À des intervalles réguliers, le simple effet du retrait et l’action des pluies ont formé de grandes fissures verticales dans la paroi du roc, et y ont peu à peu fait pénétrer jusqu’à la base l’argile des couches supérieures ; cette argile a également fini par se changer en colonnes verticales d’ardoise. L’espace contenu entre ces colonnes et les corniches horizontales, étant composé d’un grès sablonneux plus ou moins friable, a été excavé par tous les agens atmosphériques, et s’est graduellement écroulé de manière à présenter une succession de pleins cintres réguliers.

Toute cette partie du cours mississipien témoigne que jadis le niveau du fleuve était beaucoup plus élevé relativement aux falaises qui longent sa vallée. À Grand-Tower, rocher en forme de tour qui se dresse au milieu même du courant, on voit à 40 mètres de hauteur au-dessus du fleuve la ligne circulaire d’érosion qu’y ont tracée les eaux. Schoolcraft et d’autres après lui ont supposé que les rochers dont nous voyons aujourd’hui les ruines retenaient autrefois le Mississipi dans un vaste lac, et qu’ils ont été rongés et nivelés par une cataracte incomparablement plus puissante que celle du Niagara. Cela est possible, et nous voyons d’ailleurs le Niagara lui-même occupé à transformer le grand lac Érié en un simple tronçon du fleuve Saint-Laurent ; cependant il est bien plus probable encore que la dépression graduelle du niveau mississipien au-dessous de la ligne d’érosion est due entièrement ou en partie au soulèvement du continent nord-américain. À mesure que la couche de rochers subissait son mouvement d’ascension, le fleuve y creusait plus profondément son lit pour garder son niveau, et maintenant nous pouvons savoir par la distance de ce niveau à la ligne d’érosion de combien de mètres s’est soulevé le bassin du Mississipi pendant cette période géologique, car c’est à l’eau, cet élément que les poètes disent si changeant et si perfide, que la science