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LA
FRONDE A BORDEAUX
SCÈNES HISTORIQUES,

DEUXIEME PARTIE.



V.

On peut juger maintenant combien est dépourvue de fondement, et absurde même jusqu’au ridicule, cette autre accusation de La Rochefoucauld contre Mme de Longueville. C’est elle, à l’en croire[1], qui, en se brouillant avec son frère, le prince de Conti, divisa le parti des princes et prépara sa ruine. Ainsi qu’on a pu le voir[2], ce sont des causes un peu plus sérieuses qui ont perdu la fronde à Bordeaux comme à Paris. Quand le prince de Conti et sa sœur auraient continué d’être aussi unis qu’ils le furent longtemps, leur impuissante union n’aurait pu retarder la chute de la fronde, et leurs divisions ne l’ont point avancée d’une heure. Les brouilleries du frère et de la sœur n’ont pas eu d’influence marquée sur les événemens, et nous y ferions à peine attention, si La Rochefoucauld n’en parlait avec une discrétion perfide, en s’excusant « de ne pas entrer dans le particulier de beaucoup de choses qui ne se peuvent écrire, » et en laissant entrevoir sous ces choses qui ne se peuvent écrire des mystères très peu favorables à Mme de Longueville. Levons donc ces voiles tissus par l’esprit de rancune et de vengeance, et

  1. La Rochefoucauld, dans la collection Petitot, t. LII, p. 131-132 et 174.
  2. Livraison du 15 juin.