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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juin 1859.

Le grand mouvement offensif de l’armée française, qu’il nous était seulement permis de pressentir il y a quinze jours, a glorieusement réussi. Il était évident que si ce mouvement de notre droite sur notre gauche, qui nous faisait passer le Tessin au-dessus et à la hauteur de Novare, s’accomplissait heureusement, l’armée autrichienne serait obligée d’évacuer non-seulement le territoire piémontais, mais Milan et toute la partie de la Lombardie comprise entre le Tessin et l’Adda. C’est ce qui est arrivé. La difficulté de l’opération stratégique hardiment tentée par les armées alliées a été résolue en notre faveur par la victoire de Magenta. Nous sommes à Milan. Les Autrichiens ont évacué Pavie, Lodi, Plaisance, et une partie de notre armée a déjà franchi l’Adda. Les événemens militaires ont ainsi commencé à marquer par d’importans résultats le caractère et les tendances politiques de la guerre d’Italie. On ne trouvera donc pas étrange qu’avant d’aborder les appréciations politiques auxquelles la situation présente peut donner lieu, nous nous arrêtions un instant à l’opération militaire qui vient d’être si heureusement conduite. Ce brillant début de campagne forme un épisode complet en soi. L’on ne saurait sans doute avoir la prétention d’en écrire dès à présent l’histoire militaire : les documens suffisans font défaut, et à plus forte raison ce contrôle de la discussion et de la critique, qui est nécessaire à l’élucidation des grands actes de la guerre ; mais sans avoir l’ambition d’écrire une page d’histoire militaire, et même en nous exposant à commettre d’inévitables erreurs, nous croyons qu’il est possible et qu’il est intéressant de se rendre compte approximativement des combinaisons que la bravoure des armées alliées a fait triompher. Des notes écrites avec exactitude et sagacité, et qui nous parviennent du théâtre même de la guerre, nous aideront du moins à expliquer des faits qui, arrivant à la connaissance du public au jour le jour, ont besoin, pour être bien compris, d’être saisis dans leur enchaînement et dans leur ensemble.

L’armée alliée, qui est demeurée immobile devant l’armée autrichienne jusqu’au 28 mai, était venue, depuis le commencement des hostilités, se