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selon toute apparence, dans la forme légale, la confiscation du tiers des terres de l’Italie au profit de ses soldats, en accomplissement de sa promesse. Les mêmes formes furent employées pour la distribution générale, qui s’opéra d’après les procédés administratifs usités dans l’empire. On consulta les registres du cadastre, servant de base à la répartition de l’impôt foncier et de la capitation ; ils furent dépouillés région par région, canton par canton, puis des arpenteurs publics allèrent délimiter, dans chaque propriété particulière, ce qui fut désigné en langage officiel par les mots de tiers barbare ou de tierce portion.

C’est ici le lieu d’exposer aussi brièvement qu’il sera possible la constitution administrative de l’Italie ainsi que l’état de son agriculture et de sa population au moment où elle entrait dans cette nouvelle phase de son histoire.

Il y avait déjà près de deux siècles que l’Italie avait cessé d’être une reine vis-à-vis des autres parties de l’empire. Descendue au niveau de ses sujettes, elle n’était plus qu’une simple province soumise aux taxes publiques et aux obligations du recrutement militaire, dont les premiers empereurs l’avaient affranchie. Dioclétien fit peser sur elle cette loi d’égalité qui, abolissant le dernier privilège des conquérans, effaça du monde romain la dernière empreinte de l’épée.

Un préfet du prétoire, chef suprême de l’administration civile et de la justice, et au-dessous de lui des gouverneurs provinciaux portant les noms de consulaires, correcteurs, présidens ou juridiques, administrèrent dès lors l’Italie à l’instar du reste de l’empire. Chaque gouverneur avait à ses côtés un conseil provincial chargé de donner son avis sur les besoins et les intérêts de sa province, de veiller sur l’administration du gouverneur et de porter ses plaintes, s’il en était besoin, au préfet du prétoire, et dans certains cas au prince lui-même. Le diocèse italique eut aussi sa représentation, composée de délégués des conseils provinciaux et surveillante-née du préfet du prétoire. Quoique les attributions de ces conseils fussent essentiellement spéciales et bornées aux intérêts de leurs circonscriptions, l’empereur les consultait quelquefois sur des questions générales intéressant tout l’empire. C’est ainsi que Népos avait soumis à l’assemblée des cités liguriennes la question de paix ou de guerre, et qu’après un mûr examen celle-ci conseilla la paix.

Venaient ensuite les municipalités, cette base de tout édifice politique, ce premier et ce dernier de tous les pouvoirs, celui qui les précède tous et leur survit. L’organisation municipale fit la force et la gloire de l’administration romaine aux époques prospères de l’empire. L’Italie en avait donné le type, qui s’était modifié, étendu,