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C’est celle que connaissaient jadis les naturalistes sous le nom de pou des abeilles ; elle s’attache en parasite au corps des mâles, arrivés à leur développement avant les femelles, et passe ensuite sur celles-ci, se nourrit au détriment de leurs œufs, dont elle pompe les liquides, et quand elle les a sucés jusqu’à n’en plus faire qu’une pellicule aride et légère, elle éprouve une sorte de mue et se change en un globule blanc de 2 millimètres de longueur, qui grandit bientôt jusqu’à 12 ou 15 millimètres. Ces embryons, car c’en sont de véritables, êtres privés d’yeux et de mouvement, se transforment peu à peu successivement en trois espèces de nymphes. Dans la première, on distingue encore les vestiges de la forme qu’avait la larve ; dans la dernière, les élytres et toutes les parties du coléoptère parfait se préparent ; enfin apparaît le silaris humeralis qui doit pondre les œufs. La larve et l’insecte sont en fait des animaux différens, qui ont chacun sa manière particulière de croître et de se développer. Dans les méloïdes, la seconde métamorphose est une sorte d’état embryonnaire constituant comme une nouvelle naissance pour l’animal. La larve n’est plus qu’un globule qui flotte sur le miel où il est tombé, à la façon d’un germe. Quoi qu’on puisse dire de pareilles transformations, elles n’en établissent pas moins la possibilité d’une génération hétérogène. Remarquons d’ailleurs que chez les méduses ce n’est point, comme chez les insectes, l’individu qui est soumis à une suite de métamorphoses ; ce sont les deux ordres d’êtres issus d’une même mère qui se reproduisent par des moyens différens.

La transformation de certaines espèces en d’autres aux âges géologiques antérieurs ne suffit cependant pas pour expliquer l’apparition même de la vie. Le grand problème se pose toujours : comment les premiers germes, végétaux ou animaux, même les plus élémentaires, ont-ils pu se produire sur une terre où tout était d’abord inanimé ?

La réponse la plus simple et la plus généralement admise est celle d’une intervention directe de la force créatrice. Comment expliquer la raison et le mode de cette intervention ? On l’ignore ; on constate seulement qu’à une époque infiniment reculée des végétaux et des animaux se sont montrés pour la première fois, et l’on en conclut que cette apparition a dû être l’effet de la volonté divine. Après la création des premiers êtres, le principe de la génération a commencé d’agir, et la Divinité s’est trouvée dispensée d’intervenir à tout instant. Une semblable explication n’a pas satisfait certains esprits ; les lois de la nature leur semblent présenter un caractère de permanence et de nécessité qui s’oppose à ce qu’on admette pour un moment donné une infraction formelle à ces lois. Rien ne se crée de rien, et si les êtres animés ont apparu, c’est, dit-on,