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LA POÉSIE
ET
LES POETES EN ITALIE

LES FORMISTES. — LES COLORISTES. — L’ÉCOLE NOUVELLE.



C’est une opinion générale que l’heure de la décadence littéraire a sonné pour l’Italie. Il ne semble pas qu’après le prodigieux éclat du siècle de Dante et la renaissance non moins merveilleuse du siècle de l’Arioste, cette ingénieuse nation puisse être appelée une troisième fois à servir de modèle au monde. Cependant, si l’on remarque qu’il est dans ces destinées d’avancer par bonds impétueux et par vives saillies, et qu’après être tombée si bas au XVIIe siècle, sa littérature s’est relevée d’une manière aussi sensible qu’imprévue, il faudra bien reconnaître que tout impose une grande réserve à qui entreprend de déterminer l’état présent de la poésie italienne. Ajoutons qu’en cette matière le goût français est jusqu’à un certain point suspect de prévention. Enfans, comme les Italiens, de la race latine, semblables à eux par tant de côtés, toutes nos affinités poétiques nous entraînent vers le Nord. Goethe, Byron, Schiller, voilà les objets de notre enthousiasme poétique durant la première moitié de ce siècle. Quant à Leopardi, le plus grand poète qu’ait eu l’Italie depuis Dante, il n’est guère connu que de quelques esprits délicats qui lui ont rendu justice dans cette Revue[1],

  1. Voyez la livraison du 15 septembre 1844.