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LA
FRONDE A BORDEAUX
SCENES HISTORIQUES

PREMIERE PARTIE



Quand la fronde avait été défaite au cœur du royaume dans la personne même de Condé[1], comment se serait-elle soutenue dans un coin du midi, privée de son chef, successivement resserrée dans une seule ville, et ayant contre elle la moitié des forces de la monarchie et la politique astucieuse et hardie de Mazarin ? La Guienne devait suivre inévitablement le sort de la capitale ; il faut même admirer qu’elle se soit si longtemps défendue. Condé, en la quittant, ne lui avait demandé que d’attendre les succès qu’il allait chercher, et, même après qu’il avait été contraint de sortir de France et de se retirer dans la Flandre espagnole, la Guienne avait encore les armes à la main. La fronde était condamnée à succomber à Bordeaux, comme elle avait fait à Paris : elle y parcourut le même cercle de chimériques espérances, de succès éphémères, de honteuses dissensions, d’agitations effrénées, de crimes impuissans. Le prince de Conti figure assez bien le duc d’Orléans avec sa petite cour de beaux esprits intrigans et corrompus. Le parti des princes tombé bien vite aux mains d’une faction populaire qui domine le parlement et l’hôtel de ville, renouvelle et surpasse les tristes scènes

  1. Voyez, dans la Revue des Deux Mondes, les livraisons du 1er et du 15 mars 1859, la Fin de la Fronde à Paris.