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la cuscute, plante parasite qui étouffe les luzernes. Les plus nobles propriétaires s’empressent d’accueillir chez eux les comices et de leur faire honneur. Un jour, ceux de Provins et de Coulommiers se réunissent au château de Maupertuis, chez le marquis de Montesquiou, et un monument en pierre est élevé pour en conserver le souvenir. Une autre fois, ceux de Tonnerre et de Vézelay se rassemblent au château d’Ancy-le-Franc, qui avait appartenu à Louvois, et les canons donnés par Louis XIV à son belliqueux ministre annoncent l’ouverture de cette fête pacifique et populaire.

Parmi les mémoires proprement dits, on en remarque un sur les moutons de l’Angleterre, par M. Flandrin, professeur à Alfort. Ce travail est dans son genre ce qu’est celui de Gilbert dans le sien. L’auteur a voyagé souvent en Angleterre : il connaît parfaitement toutes les espèces de moutons anglais ; il apprécie la valeur des expériences de Bakewell ; il sait que cet éleveur a loué un de ses béliers pour une saison trois cents louis, et il excite les cultivateurs français à importer ces races précieuses, qui donnent à la fois beaucoup de viande et des laines longues. Il cite l’exemple de deux essais qui ont réussi, l’un dans le département d’Eure-et-Loir, l’autre dans le département du Pas-de-Calais, et entre dans les détails les plus précis sur le régime de ces animaux, sur les méthodes d’élevage et d’engraissement. Sans aucun doute, si la paix s’était maintenue, ce mémoire aurait porté ses fruits ; mais aux embarras généraux de la période révolutionnaire vint se joindre un obstacle spécial : vingt-cinq ans de guerre avec l’Angleterre, qui rompirent toutes les traditions. Ce n’est que cinquante ans environ après 1789 que l’attention s’est reportée de nouveau sur les moutons anglais.

Un autre mémoire non moins digne d’attention, est celui de M. de Francourt sur les races bovines françaises. L’auteur y passe en revue et y décrit, en termes qui sont encore parfaitement vrais, nos principales races de bœufs, les limousins, les gascons, les auvergnats, les charolais, les nantais, les bretons, les manceaux, les cotentins, les comtois, etc. Il donne en outre des renseignemens curieux sur une compagnie qui s’était formée à Paris « pour faire baisser le prix de la viande. » Il paraît que cette chimère a été de tous les temps. « Les agens de cette compagnie, dit M. de Francourt, affirment en plein marché de Poissy qu’elle se chargera de fournir la totalité de l’approvisionnement à tant la livre. » Il s’élève avec beaucoup de force et de raison contre ce charlatanisme qui cache une pensée de monopole. « On ne pourrait, ajoute-t-il, faire baisser le prix de la viande au-dessous de son cours naturel sans décourager le nourrisseur, qui abandonnerait son industrie. Le bas prix du moment préparerait une disette pour l’avenir. Paris n’a