Le successeur désigné de M. de Buol est le comte de Rechberg, en ce moment président de la diète germanique. M. de Rechberg, qui appartient à une famille wurtembergeoise, est entré depuis longtemps dans la diplomatie autrichienne. Il a été placé à la tête de l’administration civile en Italie comme ad latus du maréchal Radetzky. C’est, dit-on, un esprit ardent, un caractère loyal, mais avec de l’aigreur et peu sympathique à l’Italie. Il passait autrefois pour hostile à la Prusse, et lorsqu’il remplaça M. de Prokesch à la présidence de la diète, on vit dans ce choix une manœuvre agressive du cabinet de Vienne contre la cour de Berlin.
Les élections anglaises sont à peu près terminées. Le parti tory y a dépensé
beaucoup d’argent : l’on assure que lord Derby seul avait souscrit pour
20,000 livres sterl. au fonds commun réuni par le Carlton-Club, afin de subvenir
aux dépenses électorales. Le ministère n’aura pourtant gagné qu’une
vingtaine de voix. Le parti conservateur arrivera avec environ 300 voix à
la chambre des communes en face de plus de 350 libéraux. L’avantage des
conservateurs est, il est vrai, de former un parti compacte et discipliné,
tandis que la majorité libérale se subdivise en trois ou quatre fractions qu’il
est difficile de mettre d’accord, si ce n’est sur certaines questions générales.
La discipline des tories réussira peut-être à conserver le pouvoir aux chefs
de leur parti ; M. Disraeli s’est même vanté devant ses électeurs d’être autorisé
à compter sur l’appui de plusieurs membres du parti libéral. Au surplus
il ne semble pas que le cabinet puisse vivre sans modification. L’on assure
que lord Derby voudrait conquérir lord Palmerston, vivement courtisé
d’un autre côté par les whigs. Avec ses antécédens mêlés de torysme et de
libéralisme, le noble lord se voit encore, à la fin de sa carrière, dans la flatteuse
situation de l’homme aux deux maîtresses. e. forcade.
by Grâce Dalrymplc Elliott ; London, Richard Bentley, 1859.
Parmi les grands événemens de l’histoire qu’on se lasse le moins d’étudier et d’interroger, il faut mettre en première ligne la révolution française. La postérité en recherche tous les détails avec une ardeur insatiable. Tout ce que l’imagination peut même ajouter à l’exactitude des récits authentiques nous attire et nous séduit encore. Qu’est-ce donc lorsqu’il nous arrive de retrouver une page véritable de l’histoire, lorsque nous pouvons entendre parler un témoin réel et accrédité ! Les souvenirs de Mme Elliott, qui viennent de paraître à Londres sous les auspices de sa petite-fille, ne composent ni un essai critique sur notre révolution française ni un récit détaillé : ce