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LES LAPIDAIRES
DE SEPTMONCEL

UNE TRIBU INDUSTRIELLE DANS LE JURA.



Il y a sur un des plateaux les plus isolés, les plus abrupts de la ligne jurassienne, une peuplade singulière au sein de laquelle on peut observer le travail industriel uni à la vie de famille sous une forme spéciale et avec une organisation des plus simples. Après les centres les plus considérables de l’activité manufacturière, après ceux qui sont le plus en évidence, qui occupent des milliers de bras, qui livrent à la consommation des masses de produits, notre pays compte des centres ignorés, en quelque sorte perdus, et où s’accomplissent avec régularité, sans bruit, des travaux dont l’importance n’est peut-être pas suffisamment appréciée. Dans le domaine de l’industrie, que de variétés multiples, que de détails infinis, mais curieux même dans leur petitesse, parce qu’ils servent à établir certains contrastes, et nous aident à pénétrer dans le mouvement intérieur qui constitue la vie réelle des populations! C’est préoccupé de cette importance des petits foyers industriels qu’il y a quelque temps je partais pour le Jura, où je comptais visiter un de ces groupes trop peu connus, et bien dignes pourtant d’attirer l’attention des économistes, — celui des lapidaires de Septmoncel. — Le fidèle récit de cette course à travers une des plus âpres régions de la France m’a paru le meilleur moyen de présenter sous leur vrai jour quelques questions souvent débattues sur la vie domestique et le régime moral des populations ouvrières.