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il n’y plus aujourd’hui dans la capitale du Massachusetts d’école spéciale pour les nègres (coloured school).

New-York n’a point de hautes écoles semblables à celles de Boston ; mais en 1848 on y a institué une académie libre (free académy) destinée à servir à la fois de haute école et de collège ou université. Pour y être admis, il faut avoir au-delà de treize ans, avoir passé dix-huit mois au moins dans les écoles publiques, et subi un examen sur l’écriture, l’arithmétique, la géographie, la tenue des livres, l’histoire des États-Unis et les élémens d’algèbre. La série complète des études embrasse cinq années ; les élèves ont la faculté de diriger leurs études d’après la nature des professions qu’ils comptent embrasser plus tard et de choisir entre les langues vivantes ou les langues mortes. Cette académie n’est point ouverte aux femmes, et déjà l’on songe à créer quelque institution analogue pour les jeunes filles. Les bâtimens de l’académie libre ont coûté 500,000 francs, et l’établissement jouit d’un revenu annuel de 100,000 francs ; les élèves y sont actuellement au nombre de cinq cents environ.

L’on ne peut s’attendre à trouver dans les villes de second ordre et dans les campagnes des écoles pareilles à celles de Boston ; mais l’éducation primaire y est pourtant très complète : elle comprend, outre l’écriture et la lecture, l’arithmétique et la géographie. Le trait caractéristique des écoles publiques aux États-Unis est leur entière indépendance, non-seulement du pouvoir fédéral, mais encore de l’état ; ce sont des institutions purement communales. Dans les villes, il y a une école par district, et dans les campagnes il y en a une par district rural de cinq ou six milles carrés ; des citoyens nommés par les électeurs sont préposés à la surveillance et à l’entretien des écoles ; ils portent le nom de prudential committee men (membres du comité de prudence) ; d’autres ont charge de veiller aux études, de choisir les maîtres et de leur faire subir les examens. Ce qu’il y a en effet de plus original dans les écoles américaines, c’est qu’elles n’ont point de maîtres permanens : chaque année, le comité en nomme pour la session, qui ne dure ordinairement que six mois. Les maîtres se recrutent parmi les jeunes gens qui sortent eux-mêmes des écoles, surtout parmi ceux qui ont besoin de gagner quelque argent pour continuer leurs études dans les collèges ou universités. On pourrait craindre que dans de telles conditions l’enrôlement des maîtres ne soit tout à fait précaire ; il n’en est rien : on en trouve toujours autant qu’il est nécessaire, et il est sans exemple que des écoles en aient manqué. Rien n’est plus commun que de rencontrer un Américain qui a tenu une école dans sa jeunesse ; c’est une sorte de complément d’études, une préparation à la vie. On acquiert plus en enseignant qu’en apprenant, et les