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accroissement continuel dans la vitesse de rotation de la nébuleuse cosmique autour de son axe.

La pesanteur n’agissait pas seule sur les molécules. La force centrifuge se développait de plus en plus par suite du mouvement de rotation. Il en résulta que, dans le plan de son équateur, le tourbillon nébuleux rencontra une limite d’accroissement. Les dimensions de la nébuleuse devaient être telles que pour un point pris sur son équateur, la force centrifuge ne l’emporte pas sur la force centripète. Du moment que, par une cause quelconque, une partie équatoriale de la nébuleuse se fut trouvée placée dans des conditions telles que l’équilibre fut rompu entre les deux forces, les molécules composant cette partie cessèrent d’appartenir à la masse totale, et furent lancées dans l’espace avec une vitesse égale à celle qu’elles possédaient quand elles se détachèrent du tout. Or, selon Laplace, le refroidissement augmentant à l’intérieur, certaines parties plus condensées ont dû être brusquement rapprochées du centre, tandis que d’autres, qui ne participaient pas encore de cette condensation, et n’étaient pas aussi fortement attirées par la force centripète, se sont trouvées au-delà des bornes qu’elles n’eussent pas dû franchir pour le maintien de l’équilibre. Une certaine portion excédante de matière a donc cessé de faire corps avec la masse, et s’en est séparée, sous forme d’un anneau tournant dans son plan et autour de son centre avec la vitesse qu’il possédait à l’instant où il s’est détaché. On doit noter que cette rupture entre la masse centrale et des parties périphériques n’a pu s’opérer que dans le plan de l’équateur. Partout ailleurs, l’attraction exercée par la masse entière sur une molécule de la surface de la nébuleuse n’était pas directement opposée à l’action de la force centrifuge développée par le mouvement rotatoire. Les lignes représentant la direction de ces deux forces faisaient entre elles un angle, et il en résulta une composition de forces dont la résultante tendait à rapprocher de plus en plus la molécule de l’équateur, à mesure que la force centrifuge allait en augmentant. Ainsi la rotation de la masse totale s’accélérant, les molécules de sa surface se transportaient de toutes parts à l’équateur, et là elles se détachaient du tout.

Ce phénomène a du se produire successivement à la suite de divers degrés de condensation. Il s’échappa de la sphère cosmique primitive divers anneaux de matières nébuleuses, qui continuèrent à tourner autour du centre commun, jusqu’à ce qu’à la fin il ne resta plus qu’un noyau de matières centrales en fusion, qui constitua le soleil. A l’entour circulaient des anneaux concentriques dont les irrégularités déterminèrent certains centres d’action où se sont opérées des concentrations de matières solidifiées peu à peu en