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nombre fort restreint de minéraux simples, auxquels viennent se joindre, toujours d’après certaines lois fixes, quelques autres minéraux parasites. Ces roches ont été classées en quatre catégories : celles d’éruption, sorties de l’intérieur de la terre, soit à l’état de fusion, soit dans un état de ramollissement plus ou moins marqué; les roches de sédiment, qui ont été, on l’a vu, déposées au sein d’un milieu liquide; les roches métamorphiques, nées des altérations que les roches d’éruption ou endogènes ont fait subir aux couches à travers lesquelles elles ont passé, ou encore des actions exercées par les vapeurs et les sublimations sur ces mêmes strates; enfin les roches formées des débris des trois précédentes, divisées mécaniquement, et que l’on nomme conglomérats. De l’assemblage de ces diverses roches, superposées ou accolées les unes aux autres, associées en grandes masses, soulevées en chaînes de montagnes, dénudées par l’action des eaux, soumises en un mot à une foule d’actions physiques, sont nés les continens. Ces continens, on vient de le voir tout à l’heure, se sont modifiés à la longue dans leurs formes et leurs dispositions relatives. « Ils ont varié, dit Alexandre de Humboldt, quand le charbon de terre formait ses lits horizontaux sur les couches redressées du calcaire de montagne et du vieux grès rouge; ils ont varié encore lorsque le lias et l’oolithe se disposaient sur les assises du kœper et du calcaire coquilliers, ou quand la craie se précipitait sur les pentes du sable vert et du calcaire jurassique. Au temps de la période silurienne et devonienne, et vers les premières formations secondaires, y compris le trias, le sol continental consistait exclusivement en îles détachées. Dans les périodes suivantes, ces îles se sont reliées les unes aux autres, de manière à former des lacs nombreux et des golfes profondément découpés. Enfin lorsque les chaînes des Pyrénées, des Apennins et des Karpathes furent soulevées, c’est-à-dire vers l’époque des premiers terrains tertiaires, les grands continens apparurent presque sous la forme qu’ils ont à présent. »

La terre ne s’est pas cependant toujours développée au détriment des eaux. Il est des continens qui ont été submergés après avoir pris naissance, et qui ont ensuite reparu. Il y a des parties du globe dont le sol s’élève lentement, il en est d’autres où il s’abaisse. Les côtes de la Norvège et de la Finlande s’élèvent progressivement d’une quantité qui a été évaluée à 1 mètre 3 décimètres par siècle. Le niveau des eaux de la mer Caspienne présente des traces sensibles d’exhaussement et d’abaissement. A des époques plus anciennes, ces mouvemens oscillatoires semblent avoir été beaucoup plus prononcés. D’après les idées proposées par M. Élie de Beaumont, les chaînes de montagnes sont dues à des soulèvemens dont