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terre s’est éloignée à mesure que les parties qui la composaient allaient se solidifiant.

L’astronomie nous fournit la preuve qu’un état primitif purement atmosphérique de la terre n’est pas une conception gratuite. Le télescope nous a révélé l’existence d’amas de matières vaporeuses et diffuses répandues en quantités plus ou moins grandes dans diverses régions de l’espace. Ces amas sont ce que l’on appelle les nébuleuses non résolubles, par opposition à d’autres nébuleuses que l’inspection par de fortes lunettes a fait reconnaître pour des groupes d’étoiles. Les nébuleuses non résolubles présentent un aspect tel qu’il n’est pas possible de les tenir pour des agglomérations de corps célestes extrêmement petits ou infiniment éloignés. Elles ont quelque chose de la constitution nébuleuse des comètes; ce qui dénote déjà suffisamment quelle est leur véritable nature. L’observation très attentive des nébuleuses proprement dites a conduit Herschel à supposer que la matière informe qui les compose se condense peu à peu, et par cette condensation donne naissance à des étoiles. L’extrême lenteur avec laquelle doit s’effectuer une pareille transformation empêche qu’on puisse apprécier à vue d’œil les changemens qui s’opèrent dans la disposition relative des diverses parties de ces masses vaporeuses: mais il est facile de noter chez beaucoup de ces astres le passage de la condition purement nébuleuse à un état de condensation plus avancé. Quelques-uns de ces amas mal définis offrent en certains points des accumulations évidentes de matière, qui apparaissent comme des centres d’attraction. Et si l’on rapproche la figure des diverses nébuleuses, il devient possible de saisir la marche de la condensation. On voit un centre d’attraction se produire dans les uns et s’épaissir de plus en plus chez les autres. Parfois il y a deux centres d’attraction autour desquels s’opère une condensation inégale, qui est précisément celle qu’il est naturel de supposer pour expliquer la naissance des étoiles doubles. Enfin, au milieu de certaines nébuleuses, on distingue une, deux et même trois étoiles. Alors nous assistons en quelque sorte à la séparation du noyau central d’avec l’atmosphère. La partie périphérique a gardé la constitution vaporeuse, tandis que la portion centrale est déjà un corps planétaire.

Ces faits observés légitiment l’induction tirée de la dépendance mutuelle de l’atmosphère et de la terre. On ne s’élève plus, pour expliquer la naissance de celle-ci, des corps solides et des corps liquides aux corps gazeux ou qui sont dans un état encore plus lâche que les gaz, telles que paraissent être les comètes; mais on part de l’état de matière vaporeuse, d’une nébulosité, pour arriver à la conception de la masse solide. Or cette hypothèse se trouve confirmée