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PICHICHIA
SOUVENIRS DU VAL D’ARNO.



I.

Le vent n’est plus aux tranquilles études en Italie. Il n’y est maintenant question que d’indépendance et de guerre. Sans doute les passions et les ardeurs d’aujourd’hui existaient déjà et se laissaient même facilement deviner il y a quelques mois, mais elles n’avaient point encore fait explosion : la fièvre ne s’était pas emparée de tous les esprits; on ne parlait de secouer le joug étranger que comme d’une espérance lointaine. Mettant le moment favorable à profit, j’entrepris l’été dernier une paisible excursion scientifique en Toscane. Mon dessein était d’étudier la situation économique des habitans de la campagne; mais, afin de prendre langue et pour dresser mon plan d’opérations, j’étais obligé de m’arrêter d’abord à Florence. J’y manquais depuis quatorze ans, pour me servir d’une expression locale bien propre à caractériser l’urbanité des Italiens et la politesse raffinée de leur langage. Des hauteurs de San-Miniato, de la terrasse qui s’étend devant la façade en marbre noir et blanc de cette curieuse basilique, j’allais donc contempler de nouveau le riant panorama que présentent au soleil couchant, et Florence avec ses tours, ses dômes, ses campaniles, et la riche plaine baignée par le petit fleuve dont les eaux limoneuses portèrent les fameuses flottes pisanes.

Ce charmant bassin est encadré au midi et à l’est par les vertes collines, par les coteaux couronnés de casini et de villas, qui s’éten-