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d’un prix généreux, le duc d’Augustenbourg dût se tenir tranquille ; bien au contraire, il n’a point discontinué un moment d’exciter, de diriger Topposition violente qui s’agite dans le Holstein. Avec ce qu’il a reçu du Danemark, il a acheté de grandes terres dans la Silésie, où il a établi sa résidence et où il s’occupe à organiser de nouvelles agitations. À tout instant, d’ailleurs, on le voit parcourant l’Allemagne, allant cle Vienne à Berlin : tantôt il est à Francfort s’efforçant d’agir sur les membres de la diète ; tantôt il séjourne à Hambourg, où il réunit et anime les chefs de l’opposition holsteinoise. Ainsi le Danemark le trouve partout sur ses pas, travaillant à exciter contre lui l’Allemagne, soufflant la discorde entre les diverses parties de la monarchie, et cela malgré les engagemens formels de l’acte du 30 décembre 1852. Il suffit de considérer cet acte pour voir quel fondement peuvent présenter les protestations publiées par le duc d’Augustenbourg et accueillies par les principaux journaux d’Allemagne contre le règlement de la succession à la couronne danoise, règlement promulgué d’ailleurs sous les auspices des puissances européennes et fondé sur les principes du protocole de Londres. Le fait est que le Danemark est un état relativement faible, et que dès lors on croit pouvoir tout accueillir contre lui en Allemagne. Le duc d’Augustenbourg se sert merveilleusement de toutes les passions germaniques ; il est admis et fêté dans toutes les cours comme ennemi du Danemark. On ne peut s’empêcher cependant de s’intéresser à ce petit pays, qui depuis si longtemps lutte pour son indépendance, et qui n’excite à ce point les animadversions des hobereaux du Holstein que parce qu’il est décidé à rester un état constitutionnel et libéral. e. forcade.




ESSAIS ET NOTICES.

DE L’ABOLITION DU SERVAGE EN RUSSIE.


Nous avons sous les yeux un mémoire récemment publié en français sous ce titre : Réflexions préalables sur les bases proposées au mode d’émancipation des serfs en Russie, par un député d’un comité provincial[1]. Cet écrit nous paraît digne d’attention ; il met en lumière des faits curieux qui jettent un jour nouveau sur l’économie rurale de la Russie. Nous avions vu dominer jusqu’ici dans les publications sur ce grave sujet le point de vue des personnes, maîtres et serfs. Voici un troisième intérêt maintenant, plus important peut-être que les deux autres en ce qu’il les rapproche et les confond, celui du sol. Tout dépend en effet du plus ou moins de développement de la production rurale : si la richesse agricole s’accroît, maîtres et serfs y trouveront également leur compte ; si elle décline, la condition des uns et des autres deviendra plus mauvaise. L’auteur des Réflexions préalables

  1. Paris, chez Guillaumin.