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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 avril 1859.

Les choses ont été plus fortes que les hommes : la France est engagée dans une guerre que les vœux les plus sincères et les plus graves intérêts n’ont point pu détourner de nous. Dès ce moment, nous en avons fini avec les devoirs complexes de la discussion, qu’il fallait soutenir tant que la France paraissait être maîtresse de son choix entre la paix ou la guerre. La nécessité a parlé : plus de récriminations sur l’irréparable et l’irrévocable ; l’ère du devoir simple commence. La France est engagée dans une guerre contre l’Autriche pour l’indépendance de l’Italie ; nous n’avons plus qu’une opinion et une volonté : il faut que la France triomphe, et que l’Italie soit indépendante. Ces questions préalables, qui nous ont donné depuis quatre mois de si cuisans soucis, et qui nous ont si cruellement ballottés du doute à l’espérance, n’appartiennent plus qu’à l’histoire : l’avenir, lorsque l’entreprise sera finie, en balancera le compte, et dira au crédit de qui les résultats devront être portés. Pour nous, aujourd’hui nous n’avons plus qu’un vœu dans le cœur : c’est que les objections consciencieuses que nous avons dû exprimer pendant la phase de la délibération publique soient radicalement et glorieusement réfutées par la bravoure et la fortune de la France. Au point où les choses sont arrivées, est-il nécessaire de faire un retour sur le passé et d’expliquer comment les espérances de paix, qui paraissaient si autorisées il y a quinze jours, ont été tout à coup déjouées ? Nous avons trois versions sur les vicissitudes qui ont terminé la phase diplomatique de la question actuelle : la version autrichienne, la version anglaise, la version du gouvernement français. Il va sans dire que c’est à cette dernière que nous devons nous tenir. Nous n’aurions, pour notre compte, aucun goût à revenir sur cette histoire controversée ; mais une considération nous décide. Il paraît que les résolutions extrêmes de l’Autriche ont été prises par l’empereur François-Joseph, sous la pression du parti militaire qui l’entoure, en dehors de son cabinet. Il paraît que M. de Buol, en adressant la sommation