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ciel, et lisez, page LXIX : Chine, Cochinchine et Océanie, 3,300,000 fr. de commerce annuel avec la France pendant la période décennale 1847-1856. — En effet c’est écrit, et pourtant la vérité vraie est que notre trafic avec la Chine, c’est-à-dire l’échange des produits que nous tirons de ce pays contre les marchandises ou le numéraire que nous lui envoyons, n’est pas loin d’atteindre 100 millions de francs. Bien plus, l’un des produits que nous fournit le Céleste-Empire, la soie, est pour nous d’une telle importance que nous ne pourrions ni nous en passer ni le trouver ailleurs. Nous en avons besoin non-seulement pour combler l’insuffisance de nos récoltes ainsi que le déficit trop fréquent des soies lombardes, et pour parer à une hausse exagérée de prix qui frapperait de langueur, peut-être de mort, l’une de nos plus grandes industries, mais encore pour fabriquer une variété toujours croissante d’articles de goût et de modes pour lesquels les soies de Chine, employées soit exclusivement, soit sous forme de mélange avec les soies françaises, sont devenues indispensables. Lors donc qu’aucune considération politique n’aurait motivé l’intervention de notre diplomatie et de nos armes dans l’extrême Orient, il y aurait, pour justifier la conduite qui a été tenue, un intérêt commercial et industriel de premier ordre, que traduisent bien imparfaitement dans la langue des chiffres les trois ou quatre pauvres millions noyés dans l’arithmétique officielle. Il serait injuste de faire le procès à la douane; elle relate les importations et les exportations telles qu’on les lui présente, elle les enregistre avec l’exactitude la plus scrupuleuse : seulement on voit que ses tableaux, dont la supériorité relative est depuis longtemps reconnue, ne sont pas exempts des défauts que l’on rencontre trop souvent dans les produits de la statistique. L’administration a du reste compris ce qu’il y a d’incomplet dans cette portion de son travail, et ses tableaux, à partir de 1857, indiqueront l’origine et la destination réelle des produits présentés sur les frontières de terre et circulant par chemin de fer international. L’élément d’erreur subsistera toutefois pour le commerce maritime; l’anomalie qui a été signalée plus haut en ce qui concerne l’importation des soies continuera à se reproduire, et l’on n’aperçoit guère le moyen d’y remédier. Puisque la statistique tient des congrès, elle nous rendrait un grand service, si elle pouvait imaginer une combinaison pour résoudre cette difficulté.

Le relevé des échanges entre la France et ses colonies donne une idée exacte et généralement satisfaisante de cette partie de notre commerce. L’ensemble de nos opérations avec l’Algérie, les Antilles, la Guyane, le Sénégal, la Réunion, les établissemens de l’Inde et de Madagascar, a atteint le chiffre de 212 millions par année moyenne pendant la période décennale; le total de 1856 ne s’élève pas à moins de 318 millions. Le commerce de la France avec l’Algérie a fait de grands progrès : 57 millions en 1847 et 148 en 1856. Les rapports avec la Réunion, la Guyane et le Sénégal sont plus actifs qu’ils ne l’étaient avant 1848. Les colonies des Antilles, la Guadeloupe surtout, se sont moins facilement relevées de la crise de l’émancipa-