conduisant les impériaux au nombre de dix-sept mille hommes, n’avançait pas moins, agissant partout de sa propre autorité. Il promettait d’abord de n’occuper que Livourne : bientôt les Autrichiens arrivaient jusqu’à Florence même; ils campaient dans tout l’état, et un an après la convention du 22 avril 1850 donnait à cette occupation le caractère de la durée; elle ne fixait aucun terme, elle faisait dépendre la retraite des forces étrangères du commun accord des deux parties, ne laissant pas même au grand-duc la faculté de s’exonérer de ce secours. Les citadelles occupées par les troupes impériales devaient être tenues en état de défense par la Toscane. Les généraux autrichiens du corps d’occupation relevaient d’ailleurs du commandant en chef de l’armée impériale de l’Italie du nord. Bref, le grand-duché n’était qu’un point stratégique dans un vaste plan d’opérations. Et voici comment s’exerçait cette occupation qui a duré six ans : en fait, l’autorité passait aux mains des chefs de l’armée autrichienne, qui assumaient tous les droits d’administration, de justice et jusqu’au droit de grâce, essentiellement inhérent à la souveraineté. Les tribunaux militaires jugeaient les délits communs. Des sentences capitales étaient prononcées et exécutées lorsque la peine de mort n’existait pas dans les lois de la Toscane. A Florence même, dans cette ville qu’on a appelée l’Athènes de l’Italie, la peine du bâton était infligée. A Livourne, trente citoyens étaient condamnés à mort; la sentence était déférée au chef de l’armée d’Italie à Vérone, et par une étrange confusion de toutes les prérogatives, c’était le maréchal Radetzky qui faisait grâce de la vie aux condamnés, et commuait la peine en faveur de ces citoyens toscans jugés par des tribunaux autrichiens en Toscane ! Les impériaux sont restés six ans dans le grand-duché, et après leur passage, cela se conçoit, plus on n’a entendu parler du statut, définitivement aboli le 5 mai 1852. Il faut ajouter que jusqu’à la fin de I 1854cette occupation avait coûté à la Toscane près de 23 millions. Certes, je n’en veux pas disconvenir, l’Autriche a le droit de défendre ses possessions italiennes; mais ne voit-on pas comment ce droit déborde de toutes parts? Et n’est-on pas fondé à trouver quelque justice dans ces paroles des auteurs de Toscana ed Austria : « Où est la souveraineté, où est l’indépendance garantie par les traités de Paris et de Vienne aux états de l’Italie non attribués à l’Autriche? »
Voyons maintenant ce qui se passe dans les États-Romains, et si l’occupation de Bologne et d’Ancône a un caractère très différent de l’occupation de Livourne et de Florence. Je ferai remarquer d’abord qu’en 1815 l’Autriche, malgré les protestations du pape, s’agrandissait aux dépens des états pontificaux en acquérant la partie du Ferrarais qui est sur la rive gauche du Pô, et en se faisant attri-