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par un testament secret, les précieux avis qu’il n’a pas jugé opportun de rendre publics durant sa vie.

D’après les témoignages des dernières convictions de César Balbo, le Piémont est entré sous Victor-Emmanuel II dans « l’état normal où la Grande-Bretagne, depuis 1688, défie les révolutions avec des transformations civiles, une sagesse politique, une fortune croissante jusqu’à présent, dignes d’être données en exemple à tous les peuples. Dès l’an 1688, dit-il en divers passages du Discorso sulle Rivoluzioni, une révolution pacifique se développe sans cesse en Angleterre par des réformes mesurées. De même l’Amérique, depuis trois quarts de siècle, est récompensée de sa modération politique par des progrès merveilleux. La Belgique, depuis vingt ans, — ceci date de 1852, — met à profit son indépendance et sa liberté. La Grèce elle-même se ressent de quinze ans d’améliorations. Voilà, ajoute Balbo, voilà les pays qu’il faut imiter, et non pas l’Espagne, la France ou l’Allemagne. »


« Attristés, disait-il à la chambre, du sort de l’Italie, comptons sur la Providence, et gardons, gardons bien nos libertés intérieures. Je pense que nous devons nous proposer actuellement de développer toutes les libertés. Nous voulons la liberté commerciale,... La liberté de l’agriculture,... Les libertés communales et provinciales,... La liberté d’enseignement et aussi la liberté religieuse[1]. Accordons cette dernière liberté, même aux exagérés, ecclésiastiques ou séculiers; laissons-leur la liberté qu’il faut laisser à tous les exagérés du monde... » — « En 1848, dit-il ailleurs[2], nous avons acquis une seule chose, ou plutôt le commencement d’une chose, un commencement de liberté. Nous n’avons qu’un moyen d’utiliser nos sacrifices, c’est de développer précieusement cette conquête unique, la liberté, par laquelle s’opérera la renaissance de la nation italienne à la civilisation commune de la chrétienté. » — « Un seul état italien[3] persiste dans la voie des réformes; cet état, qui a sacrifié incomparablement plus d’or et de sang que tout autre pour la grande révolution italienne, est aussi incomparablement plus heureux que les autres; imploré, loué, béni, il est invoqué comme un secours et désigné comme un exemple pour les révolutions futures L’Europe a été disposé par les traités de 1815 de manière à ne pouvoir trouver le repos qu’après une refonte totale. Des politiques roués et viveurs se sont arrangé une solidité à vie, sans souci des déluges ou des incendies futurs[4].

  1. On lit d’autre part, dans un canevas de la portion inachevée du livre Della Monarchia rappresentativa, les titres de chapitres suivans : Bons effets de la liberté religieuse pour le catholicisme. — Difficultés de la liberté religieuse (on ne peut l’établir par des lois civiles) dans les pays catholiques où le catholicisme est la religion de l’état. — Impossibilité là où le prince est chef de la religion catholique. — Ces textes significatifs font vivement regretter que l’auteur n’ait pas eu le temps de terminer son livre.
  2. Préface des Meditazioni storiche.
  3. Discorso sulle Rivoluzioni.
  4. Della Monarchia rappresentativa.