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LA
COMMUNE DE PARIS
ET
L’ANNEXION DE LA BANLIEUE



Bien des cités en France ont vu s’éloigner d’elles à certain jour le courant de la population et des affaires, et sont entrées dans la période d’un déclin et d’un affaiblissement dont aucun effort n’a pu les relever ensuite. De nouvelles routes livrées à la circulation, d’autres débouchés offerts au commerce, un port ouvert à la marine, le déplacement d’un tribunal ou d’une préfecture, ont suffi le plus souvent pour opérer de tels changemens et amener ces rapides décadences. La ville de Paris ne connaît point de pareils retours de fortune; placée au centre du pays, qu’elle domine, elle n’a point cessé de s’embellir et de s’étendre; tout ce qui a favorisé la locomotion, multiplié les échanges et enrichi le commerce, lui a profité, depuis les diligences jusqu’aux chemins de fer, depuis la découverte du Nouveau-Monde jusqu’à la conquête d’Afrique. C’est le privilège des capitales de grandir sans cesse et de survivre à tous les changemens, à toutes les commotions qui arrêtent le mouvement et la vie sur d’autres points dans un état. Il semble qu’elles n’aient d’autre destinée que de reculer éternellement leurs limites devant le flot toujours grossissant d’une population qui déborde. Il y a quinze ans à peine, une immense enceinte était élevée autour de Paris, loin des monumens et des splendides édifices que la munificence des siècles y a accumulés. Que de colères, on ne l’a point