arabes, interprètes des volontés du pouvoir et des réclamations des tribus, intermédiaires entre deux peuples séparés par la langue et les mœurs, gardiens vigilans de la sécurité publique, éclaireurs intelligens des intrigues et des agitations? La fonction existe par elle-même et ne peut être supprimée; le nom seul pourrait changer. Là n’est point la faute commise, la source des plaintes; elle est dans un déplacement d’attributions, qui a trop souvent reporté sur les chefs des bureaux arabes le pouvoir, les honneurs, les titres même que les lois de la hiérarchie revendiquaient pour les seuls commandans des cercles, des subdivisions et des provinces : l’action réelle a été trop séparée de la responsabilité. De cet empiétement, qu’a favorisé la bienveillance paternelle de la direction de l’Algérie aussi bien que la sympathie conquise aux officiers des bureaux arabes par des services et des talens éminens, les tribus, croyons-nous, n’ont pas eu autant à se plaindre qu’on l’a prétendu. Prise dans l’ensemble, l’administration des bureaux arabes leur a été tutélaire et bienfaisante, comme elle a été profitable aux Européens par la pacification du pays. En aucun temps, en aucune colonie, les peuples conquis n’ont été traités avec une pareille mansuétude, et l’histoire de l’Algérie supporte sans crainte la comparaison avec l’histoire de l’Amérique et de l’Inde. Seulement la même toute-puissance qui a pu faire et a fait beaucoup de bien, se trouvant parfois livrée à des mains dont la sagesse n’était pas le seul guide, a fait aussi quelque mal, fruit inévitable d’un pouvoir absolu sans contrôle. Aujourd’hui les principes ont été rétablis, après avoir été rappelés, il est triste de le dire, par d’éclatans scandales, et les bureaux arabes, sans être dépouillés de leur nom, ne constituent plus un service particulier. Quelques années seront peut-être encore nécessaires pour faire rentrer dans leur orbite légale des pouvoirs habitués à en sortir; ils lutteront sourdement et tenteront de prolonger leur empire : vains regrets et vaines résistances qui ne peuvent retarder longtemps la restauration du commandement suprême dans les mains qui doivent seules l’exercer, parce que seules elles en ont la responsabilité.
Dans les bureaux arabes départementaux, institués en territoire civil, les indigènes ne sont plus l’élément principal et presque unique de l’administration; ils ne sont que l’élément accessoire. Les affaires de ces bureaux sont accessibles à tous les services publics aussi bien qu’à un service spécial. Un fonctionnaire chargé de recevoir toutes demandes verbales ou écrites des Arabes pour les répartir suivant leur nature semblerait une concession suffisante aux nécessités de la transition. En même temps la langue arabe serait prescrite comme une condition d’admission; au bout de trois ou quatre ans, tous les nouveaux employés civils la sauraient.
Dans l’accomplissement de son programme politique, le gouver-