par l’acte du 2 décembre 1851, et ce ne fut pas la constitution du mois de janvier suivant qui retira tout droit pareil : la suppression ne date que du décret du 2 février 1852; il suffirait d’un sénatus-consulte pour le rétablir.
En perdant leurs députés, les autres colonies ont obtenu d’ailleurs le rétablissement des délégués que leurs conseils-généraux envoyaient précédemment à un comité consultatif siégeant à Paris. Pareille compensation n’a pas été accordée à l’Algérie ; elle a même, par une décision ultérieure, perdu son comité spécial. Nulle voix, partie soit d’un corps électoral, soit des conseils-généraux, n’a qualité pour se faire auprès du gouvernement l’interprète permanent ou temporaire des intérêts publics. Un budget de 21 millions, fruit des contributions de l’Algérie, est voté sans qu’elle ait un mot à dire. En aucun temps, en aucun pays, un effacement aussi absolu n’a été imposé à une colonie, et si l’Algérie ne s’en plaint pas plus vivement, il ne faut en accuser qu’une trop longue habitude de résignation. On lui opposerait sans fondement l’exemple des colonies anglaises : si elles ne sont pas représentées au parlement britannique, c’est qu’elles obtiennent beaucoup mieux : elles ont des législatures particulières, composées tantôt d’une, tantôt de deux chambres, qui sont un véritable gouvernement local. Les colonies françaises ne demandent pas autant de puissance; elles se bornent à réclamer une part de représentation comme complément du ministère spécial, autrefois proposé et discuté sous le gouvernement du roi Louis-Philippe, et qui est venu enfin donner à l’ensemble de leurs intérêts la plus sérieuse des garanties. Cette institution, imitée des deux grandes puissances coloniales de notre temps, l’Angleterre et les Pays-Bas, trouverait dans la députation de l’Algérie et des colonies un appui qui lui manque au sein du corps législatif, préoccupé outre mesure peut-être des seuls intérêts de la métropole.
Si notre enquête franchit la Méditerranée, les plaintes nullement déguisées de la ville d’Alger nous signaleront un grand vide. Après avoir caressé jadis l’espoir de posséder dans ses murs un vice-roi, plus tard un lieutenant de l’empereur et au moins un ministre spécial, Alger a perdu jusqu’au représentant suprême de la colonie. Descendue du rang de capitale, dont elle avait fièrement joui pendant trois siècles, elle a signé récemment des pétitions pour la restauration du passé. Le reste du pays ne s’associe pas, et à bon droit, à de telles doléances. Tout en rendant justice à l’éclat que d’illustres personnages ont jeté sur une haute dignité pendant un quart de siècle, chacun a salué la suppression du titre de gouverneur-général comme un grand bienfait. Les dissentimens entre les ministres de la guerre et les gouverneurs-généraux, que le patriotisme avait pu