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tante du pays, et on a fait des efforts énergiques pour atteindre un seul but : s’opposer aux combinaisons de la campagne de 1796, si on tentait de la recommencer. Cette idée est-elle juste? Il est permis d’en douter, car si le général en chef de l’armée d’Italie a certainement trouvé les dispositions les plus convenables pour vaincre les obstacles qu’il a rencontrés, la différence des temps peut amener à prendre des mesures différentes et modifier profondément les moyens à préférer soit pour l’attaque, soit pour la défense.

Quelque opinion que l’on se forme à cet égard, nous continuerons, simple narrateur, à exposer les idées des officiers autrichiens et les mesures qui leur ont paru assurer d’une manière complète leur domination en Italie. Les lignes du Mincio et de l’Adige leur ont paru devoir marquer le terme de la marche de toute armée qui envahirait la Lombardie. C’est sur les bords de ces rivières qu’ils ont accumulé toutes leurs ressources, tous les moyens que l’art a pu leur suggérer; c’est sur ce terrain si bien préparé, si longuement étudié par eux, qu’ils attendent l’ennemi, comme sur le vrai théâtre de la lutte dont l’issue décidera de la possession du pays. Le cours du Mincio n’a que dix lieues environ depuis le lac de Garde jusqu’aux marais qui entourent Mantoue et marquent la limite du terrain que les troupes peuvent parcourir. C’est la plus courte de toutes les lignes transversales que l’on franchit en parcourant la Haute-Italie, elle est par conséquent la plus facile à surveiller. La rivière est guéable sur plusieurs points à l’étiage, mais grossit beaucoup dans la saison des pluies et à la fonte des neiges. Les deux rives ont alternativement la prépondérance l’une sur l’autre; l’on y rencontre plusieurs ponts en pierre, et il s’y trouve plusieurs endroits favorables à un passage de vive force. Des places fortes, Peschiera et Mantoue, protègent les deux extrémités de cette ligne. L’Adige, dont le cours est beaucoup plus long et dont le volume d’eau est considérable, ne peut être franchi que dans l’espace d’une quinzaine de lieues qui sépare Vérone de Legnago. Au-dessus, il est serré de près par des hauteurs que ne traverse aucune route : au-dessous, il forme des marécages qui se réunissent à ceux des bouches du Pô. L’Adige n’est jamais guéable; il porte bateaux au-dessus comme au-dessous de Vérone, point où sa largeur est de 80 à 100 mètres. Ce fleuve opposerait plus de difficultés qu’aucun autre au passage d’une armée, et on l’a toujours regardé comme la meilleure ligne défensive de l’Italie. Le terrain du côté de Vérone est coupé de vignes et de jardins; vers Mantoue et Legnago, il est rempli de rivières, et partout se trouvent des canaux d’irrigation. La route de Vérone à Legnago a été tracée entre un de ces canaux et le cours de l’Adige, disposition qui assure la libre communication entre les