quel avantage elles donneront à l’armée qui s’en servira la première.
Le corps du génie a été organisé dans le même esprit d’économie que toutes les autres parties de l’armée autrichienne : il comprend un petit nombre d’officiers en général fort instruits. Ce corps a été longtemps placé sous la haute direction de l’archiduc Jean, et a donné des preuves de sa capacité dans la construction des nombreuses places de guerre élevées depuis quarante ans sur divers points de l’empire. Il compte deux régimens moins nombreux que ceux d’infanterie, et un corps de pontonniers dispersé sur les bords des lacs ou fleuves principaux. Ces derniers, outre leurs fonctions ordinaires, sont chargés des flottilles à vapeur du Lac-Majeur et du lac de Garde. Malgré le petit nombre des bâtimens, ces flottilles ont une importance notable, parce qu’elles dominent sans conteste des espaces où elles ne peuvent rencontrer de rivaux. En parlant du corps des pontonniers autrichiens, on ne peut manquer de rappeler que le colonel de Birago, son ancien chef, est l’inventeur d’un système de ponts de chevalets applicable à des rivières rapides et profondes, système auquel la reconnaissance des hommes du métier a donné son nom et qui est employé maintenant dans tous les pays du monde.
On doit passer sous silence quelques corps peu nombreux destinés à des services particuliers, et aussi le corps plus important chargé des transports militaires, parce que ce dernier est soumis à des variations d’effectif qui le font échapper à toute appréciation : très considérable en temps de guerre, il se réduit à de simples cadres pendant la paix.
En résumant ce que l’on vient d’exposer, il est aisé de reconnaître que l’armée autrichienne est formée de très bons élémens et constituée de manière à conserver dans son sein un nombre suffisant d’anciens soldats. Elle est exercée et rompue aux manœuvres sans avoir cependant sous ce rapport une réputation égale à celle de l’armée prussienne. Le dévouement des corps d’officiers est complet; leur influence sur les soldats souffre peut-être un peu de la diversité des nationalités et de l’ignorance où ils sont bien souvent de la langue parlée par leurs subordonnés. Cette influence s’affaiblit encore en raison même de la rigueur avec laquelle nombre d’officiers traitent, dit-on, les soldats. La légion étrangère qui sert en Afrique compte parmi ses meilleurs sujets une certaine quantité de déserteurs allemands, qui sont unanimes à donner pour motif de leur fuite les mauvais traitemens dont ils auraient été victimes. Beaucoup d’espérances ont été fondées sur la défection de certaines troupes en cas d’insurrection ou de guerre avec les puissances occidentales. Là-dessus on ne peut former que de très vagues conjectures; mais il