Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 20.djvu/657

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était engagé, parce que l’ambition, les illusions de la grandeur, avaient décidément pris le dessus sur les sentimens philosophiques qu’il professait quelques années auparavant.

Cependant les désastres de Russie avaient fait éclater les inévitables conséquences du système de domination universelle dont le roi Joseph s’était fait l’instrument résigné. Napoléon, réduit en 1813 à réunir sous sa main tout ce qui lui restait de bonnes et vieilles troupes pour lutter contre la grande alliance européenne, dut retirer d’Espagne une grande partie des forces qui y soutenaient contre les insurgés et contre les Anglais la royauté de son frère, dont le trône s’écroula aussitôt. Au commencement de juillet, alors que Napoléon, à qui les victoires de Lutzen et de Bautzen avaient rendu quelque ascendant, contenait encore en Allemagne les efforts de la coalition, Joseph était forcé de se réfugier en France, où il trouvait pour toute consolation l’ordre de se retirer à Morfontaine, dans une espèce d’exil et presque de captivité. Bientôt cependant Napoléon, frappé à son tour par la fortune, vaincu à Leipzig, expulsé de, l’Allemagne et n’ayant plus qu’une poignée de soldats pour défendre le territoire de l’ancienne France, devait se montrer moins sévère à l’égard de Joseph, parce qu’il n’était plus en état de se passer d’aucun de ceux qui consentaient à lui prêter encore leur concours. Après l’avoir décidé, non sans quelque peine, à renoncer à sa couronne d’Espagne, dont l’abandon devait être une des conditions de la paix, si on parvenait à la conclure, il le chargea de présider à Paris le conseil de régence pendant que lui-même s’efforcerait d’arrêter en Champagne les progrès de l’invasion.

M. Miot, qui était revenu en France avec Joseph, avait repris sa place au conseil d’état. Il fut témoin de cette crise suprême de l’empire, qui aboutit à la prise de Paris et à l’abdication de Fontainebleau. Fidèle jusqu’au dernier moment à la cause qu’il avait servie dans des temps plus heureux, il suivit la régence à Blois. Cette circonstance l’empêcha, après le rétablissement des Bourbons, d’être maintenu sur la liste du conseil d’état, où il ne demandait pas mieux que de continuer à figurer. Mis ainsi à l’écart par les ministres de la royauté, M. Miot se rattacha sans difficulté en 1815 au régime impérial, rétabli pour un moment par la révolution du 20 mars. Il rentra au conseil d’état. Il fut même un des commissaires extraordinaires envoyés dans les départemens avec la mission de destituer et de remplacer les autorités civiles, d’organiser les gardes nationales, d’encourager les fédérations de volontaires, et de diriger ces forces sur les frontières menacées par l’étranger. Les départemens de la douzième division militaire, qui lui était échue en partage et dont La Rochelle était le chef-lieu, présen-