parcourt n’est que la continuation de la longue cordillère des Montagnes-Bleues. La nature, dans ses convulsions, a brisé un des anneaux de cette chaîne, et, livrant ainsi passage au courant d’eau que nous appelons le détroit de Bass, elle a isolé la Tasmanie de la Nouvelle-Hollande. Cours d’eau nombreux, fertilité, bois et vastes pâturages, cette île possède les mêmes avantages que toute cette portion orientale de l’Australie, qui seule est abondamment arrosée. La Tasmanie n’a pas, il est vrai, les mines d’or de la Nouvelle-Galles. Elle n’est pas cependant entièrement dépourvue du précieux métal, il y a même eu quelques essais d’extraction ; mais le produit n’a pas converties frais de l’exploitation. En revanche à Fingal, sur la côte, à une distance de soixante-dix milles de Launceston, on vient de découvrir une couche épaisse de houille.
L’hémisphère austral est, on le sait, beaucoup plus froid que le nôtre. Pourquoi ? C’est ce que la science n’a pas bien déterminé encore, quoique ce grand courant d’eau chaude, le gulf-stream, qui vient des tropiques américains fondre les glaces de la Norvège et chauffer la portion que nous habitons de l’hémisphère boréal, ne soit pas à coup sûr étranger à ce phénomène. La Tasmanie, traversée à peu près dans sa moitié par le 42e parallèle, qui, au sud de l’équateur, correspond à celui qui, au nord de la même ligne, passe. à Rome et à Barcelone, ne jouit cependant que d’un climat fort tempéré. Avec ses plaines sillonnées de cours d’eau, ses hauteurs boisées, qui n’ont plus ni la sombre majesté, ni la tristesse aride des montagnes de l’Australie, cette île a rappelé bien des fois aux voyageurs et aux marins de notre nation le nord de la France. Cependant elle a sur notre pays quelques avantages : les saisons y sont moins tranchées, l’air y est plus pur, la moyenne durée des pluies de l’année ne dépasse pas cinquante ou soixante jours, et à l’exception de quelques localités où le voisinage des montagnes amène de brusques changemens de température, cette région, avec sa riche végétation, mêlée de plantes aromatiques, son air tout chargé d’oxygène, est une des plus salubres du monde. Les fruits de l’Europe centrale y viennent en abondance ; nos arbustes et nos plantes y ont pu être facilement acclimatés, à l’exception de la vigne ; même quelques plantes parasites que le sol ne connaissait pas, et dont les semences étaient mélangées au blé ou à d’autres graines, s’y sont introduites ; c’est ainsi que le chardon, se propageant de proche en proche, couvre aujourd’hui de vastes espaces.
Lorsque le Hollandais Tasman découvrit l’île qui porte aujourd’hui son nom, et qu’il prenait pour un prolongement de la Nouvelle-Hollande, il l’appela Van-Diémen en l’honneur du gouverneur des possessions hollandaises dans l’Inde ; mais la postérité, plus juste, a restitué à cette terre le nom du navigateur qui l’avait dé-