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LES
EUROPÉENS DANS L’OCÉANIE

NOS ANTIPODES, LA TASMANIE ET LA NOUVELLE-ZELANDE.

I. Australia, Tasmania and New-Zealand, by an Englishman, London 1857. — II. History of Van Diemen’s land from 1824 to 1835. — Two years in Victoria with visits to Van Diemen’s land, by W. Howitt, 1858. — III. New-Zealand or Zealandia, the Britain of the South, by C. Hursthouse, 2 vol., London 1857, elc.




A l’époque où Tacite écrivait ses Annales, la Bretagne était, vers le nord, l’extrême limite du monde. Si alors on demandait aux hommes qui étaient le plus curieux de science et de voyages ce qu’il y avait au-delà de cette terre brumeuse, ils répondaient par quelques noms vagues auxquels s’attachaient des idées plutôt fabuleuses que précises. Dans la Bretagne même, où César avait posé son pied, où les légions reparaissaient presque à chaque règne, la toute-puissante Rome faisait quelques essais d’établissement, mais elle ne réussissait guère, et ne prévoyait point que les habitans de cette île dussent jamais participer à son industrie et à ses lumières, car ils étaient farouches, belliqueux, et ne craignaient pas de verser sur leurs autels le sang des captifs. Eh bien! cette Bretagne inculte, patrie de barbares que n’effrayait pas le sang humain, n’a pas seulement colonisé le monde et fondé partout des empires : jouant à son tour le rôle que Rome remplissait vis-à-vis d’elle, elle essaie de porter la vie à des régions qui gisent bien réellement aux confins du monde, aux antipodes, dans ce groupe de la Nouvelle-Zélande où subsistent les dernières grandes tribus de sauvages belliqueux et