par des actes antérieurs, pouvait remplir avec efficacité le rôle d’intermédiaire conciliateur entre la France et l’Autriche. C’est le rôle qu’elle a pris avec éclat, en envoyant à Vienne lord Cowley, Nous disons qu’elle l’a pris avec éclat : l’acte qui distrait un personnage tel que lord Cowley de ses fonctions ordinaires d’ambassadeur à Paris, pour le dépêcher avec tant de promptitude vers la cour qu’il s’agit de mettre d’accord avec la France, est en effet une mesure à laquelle on ne trouverait guère de précédens dans l’histoire diplomatique. Au premier aspect, ne dirait-on pas que l’Angleterre a mis un de ses pairs et un de ses représentans les plus distingués à la disposition de la France ? Quand on voit l’Angleterre prendre une résolution dont l’apparence est si énorme, l’on est fondé à en conclure, et que l’Angleterre apporte à la conservation de la paix une volonté bien ardente, et qu’en même temps elle a de très puissantes raisons de croire au succès de ses efforts et à la conservation de la paix. Il entre sans doute dans ses plans de donner à tout événement à l’Europe un témoignage signalé de son attachement à la paix : mais si elle eût redouté un échec, elle pouvait sans doute convaincre à un moindre prix l’opinion européenne de la sincérité de sa politique pacifique, et ne point s’exposer à compromettre dans une tentative impuissante la situation et la réputation de son ambassadeur à Paris. À la vérité, s’il était permis de pénétrer dans des considérations plus intimes, il suffirait de songer à la position particulière du négociateur choisi par l’Angleterre pour écarter la prévision d’un échec. N’est-il pas probable que c’est lord Cowley lui-même qui a eu la pensée de l’arrangement qu’il va proposer à Vienne ? N’est-il pas probable qu’après l’avoir fait agréer à Paris, où il a dû en discuter les bases, et à Londres, où il est allé l’expliquer, il a sollicité lui-même la mission confidentielle dont il est chargé auprès du cabinet autrichien ? N’est-il pas probable enfin que l’Autriche, de son côté, n’a point absolument ignoré ce qui se débattait à Paris et à Londres, et que l’on a dû savoir, avant d’aller lui proposer les détails d’un arrangement, qu’elle n’en repousserait point les bases principales ? Il nous paraît plus naturel d’admettre ces probabilités que de croire que de grands gouvernemens et des hommes politiques expérimentés se sont exposés témérairement à des déconvenues personnelles qui seraient en même temps pour l’Europe de cruelles déceptions.
Nous avons été pleinement confirmés dans cette façon de voir par la séance de la chambre des communes où lord Palmerston a demandé au gouvernement de la reine des explications sur la situation de l’Europe. Lord Palmerston n’a point parlé en homme de parti, il a parlé en homme d’état, représentant et conseiller du gouvernement d’un grand empire ; il n’a point été seulement l’écho des anxiétés et de suggestions de la raison de son pays, il a été l’organe des inquiétudes et des vœux de l’opinion européenne ; ses paroles, quoique prononcées dans une étroite enceinte, iront retentir dans le monde entier comme une saine diffusion de modération et de bon sens. Cette lucide, sage, spirituelle et sobre discussion des causes et des solutions de la crise actuelle sera l’un des plus solides succès qui puissent honorer la verte vieillesse de ce vétéran vivace des grandes luttes politiques de l’Angleterre et de l’Europe. Nous lui savons un gré particulier d’avoir