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DE
L’ALIMENTATION PUBLIQUE

LA CANNE À SUCRE ET LES NOUVELLES SUCRERIES COLONIALES.



L’exploitation de la canne à sucre traverse depuis plusieurs années dans nos colonies une de ces périodes critiques où une grande industrie se voit forcée d’invoquer le concours de la science. Étudier ce grave problème au point de vue de l’alimentation, des intérêts commerciaux et maritimes, agricoles et manufacturiers, ce sera continuer une série de recherches sur diverses questions non moins importantes[1], dont la science a déjà pu préparer ou obtenir, grâce à de persévérans efforts, l’heureuse solution. Comment parviendra-t-on à perfectionner la principale industrie des Antilles au point de lui faire affronter l’industrie, en apparence plus vivace, des sucreries indigènes de France, d’Allemagne, de Russie, ou des grandes exploitations qu’on voit chaque jour se développer dans l’Inde ? Il semblerait qu’une seule circonstance, l’extension extraordinaire des sucreries indigènes, dût suffire pour fermer bientôt à nos produits coloniaux le marché où déjà ils s’écoulent difficilement. Tels sont les doutes qui s’offrent à l’esprit dès qu’on examine la situation présente de l’industrie sucrière dans nos colonies ; mais cette situation même, observée avec attention, ne justifie pas toutes les alarmes qui peuvent naître d’un examen superficiel. Les notions

  1. Les Céréales et le Pain, la Viande de boucherie, la Viticulture, dans la Revue du 15 octobre, 15 novembre 1855, et 1er septembre 1856.