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Maret, qui poursuit son grand ouvrage sur les rapports de la raison et de la foi. Tandis que M. l’abbé Flottes enlève au scepticisme théologique les autorités qu’il invoque à faux dans le passé, M. l’abbé Maret attaque ce scepticisme en face et lui prouve que l’inévitable conséquence de ses doctrines est l’abrutissement de l’homme et la mort de toute religion. Au milieu des scandales que donnent encore tous les jours les insulteurs de la raison, les âmes avides de vérités religieuses ont éprouvé un soulagement salutaire en lisant des pages comme celle-ci : « Quelque certaine que soit l’autorité de l’église, il est aussi évident que le jour qu’elle suppose de nombreuses vérités qui la précèdent; mais s’il n’y a aucun moyen d’établir ces vérités, la foi raisonnable sera impossible. La foi se réduira à un sentiment indéfinissable, à un enthousiasme échauffé, à un fanatisme aveugle, ou plutôt toute foi périra dans le scepticisme universel, qui sortira nécessairement de cette doctrine, comme sa suprême et dernière conséquence. Oui, l’homme consentira plutôt à ne rien croire qu’à voir sa raison s’abîmer dans une foi aveugle et abrutissante... »

Puissent ces fortes paroles retentir au sein du clergé français! Puissent les énervantes théories des théologiens sceptiques faire place à la théologie saine et féconde que Bossuet et Fénelon enseignèrent aux contemporains de Descartes! En attendant que les chrétiens philosophes, dispersés dans les rangs de l’église ou intimidés par la violence de leurs adversaires, osent enfin se rallier et se défendre, nous avons voulu leur signaler un homme dont la vie entière est un exemple de constance et de modération. Le jour où les théologiens spiritualistes reprendront au sein de l’église gallicane l’autorité qui leur appartient, une belle place dans l’estime publique sera due à l’homme dévoué qui fait l’objet de cette étude, au penseur chrétien qui n’a pas attendu les excès dont nous sommes témoins pour protester avec énergie, à l’écrivain qui signalait si nettement dès 1823 les dangers du scepticisme théologique, et qui, depuis lors, enseignant toujours l’alliance de la raison et de la foi, a prouvé que ce scepticisme n’a pas de précédens chez nous; enfin à ce représentant de l’ancienne église de France, qui, dans le chaos des doctrines nouvelles et le désarroi des esprits, a toujours conservé, sans défaillance comme sans présomption, la sagesse du philosophe et la dignité du prêtre.


SAINT-RENE TAILLANDIER.



Explorations de David Livingstone dans l’Afrique australe[1].


Parmi les dépouilles d’animaux rares ou venus de loin que conserve notre Muséum d’histoire naturelle de Paris, se trouvent celles d’une grande girafe de l’Afrique australe. Les griffes du lion l’avaient épargnée, elle avait échappé, dans ses vastes pâturages, aux zagaies et aux pièges des indigènes : elle est

  1. Traduction de Mme Loreau ; gr. in-8o, 1859, chez Hachette.