établi sur les hypothèques, qui, de 1,776,000 fr. en 1851, a atteint en 1855 le chiffre de 2,300,000 fr. La mendicité, les naissances illégitimes, les délits et les crimes, enfin la mortalité, sont le lugubre cortège qui accompagne nécessairement cette diminution de la richesse sociale, à laquelle il est urgent de porter remède, selon l’auteur de l’exposé des motifs. Pour prouver que la situation n’est pas aussi désespérée, il suffirait de comparer la Belgique à d’autres pays, au Piémont par exemple, qui compte à peu près la même population, à la France même, qui ne lui ressemble que par ses meilleures provinces, et de montrer que ni la proportion entre les classes riches et les classes pauvres, ni la constitution de la propriété, ni le chiffre de la dette hypothécaire, ni les progrès de la population, ne présentent des résultats plus favorables.
Quant au développement du crédit, par lequel doit s’opérer une transformation devenue nécessaire, certes la position actuelle de la Belgique ne justifie pas les plaintes énoncées, et nous-mêmes, qui croyons être dans une situation prospère, nous nous estimerions heureux d’être aussi favorisés sous ce rapport. La statistique en effet, si l’on en croit l’exposé des motifs, donne elle-même des élémens qui permettent de combattre l’impression produite par les chiffres qui précèdent. On compte 114,700 établissemens industriels dans les neuf provinces belges; 22,000 ont leur siège dans les neuf chefs-lieux, 24,500 dans les soixante-dix-sept autres villes, et 68,200 dans les villages. Les commerçans sont au nombre de 80,000, dont 16,000 pour les chefs-lieux de province, 18,000 pour les autres villes, et 46,000 pour les villages. Enfin le nombre des propriétaires s’élève à 738,512, dont 563,000 habitent les communes rurales. Le nombre et la répartition de ces industriels, de ces commerçans, de ces propriétaires surtout sur une population de 4 millions 1/2 d’habitans, nous paraissent fort enviables.
Si maintenant on cherche à quelles sources l’industrie, l’agriculture et le commerce s’alimentent en matière de crédit, on voit, pour ces neuf provinces, cinq grands établissemens au moins pourvus d’un capital de garantie considérable. La Société générale, le premier de tous en date, a été fondée au capital de 33 millions de francs, et sa réserve monte à peu près à pareille somme; la banque de Belgique a un capital social de 21 millions 1/2 ; la Banque nationale a commencé en 1851 ses opérations avec un fonds de garantie de 15 millions, et en 1855 elle a fait pour 555 millions d’opérations. La banque de Flandre a été instituée à Gand au milieu d’un grand centre manufacturier, et son capital social est de 3,171,500 fr. Quant à la banque de Liège, dont le capital et le fonds de réserve ne s’élèvent qu’à 1,278,155 francs, elle a pu néanmoins obtenir de la confiance du public, sous forme de versemens à la caisse d’épar-