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ils représentent 17 centimes en 1855. Cette progression accuse la prospérité de l’entreprise. A mesure que les affaires se développent, il est nécessaire de rémunérer davantage le personnel; mais, une certaine limite une fois atteinte, les frais de cette nature doivent inévitablement aller en décroissant. Quant à la moyenne des risques, elle diminue au lieu d’augmenter. En 1857, le rapport qui rend compte des opérations de 1856 disait : « La société n’a essuyé qu’un très petit nombre de pertes, et l’année 1856 est la meilleure qu’ait encore eue la société.» En 1857, le fonds de réserve et de roulement était porté à 1,628,000 francs, et représentait plus de 31 pour 100 des engagemens pris envers des tiers. L’Union du Crédit en effet escompte son papier à la Banque nationale pour se procurer les fonds qu’elle prête à ses sociétaires, et au 31 décembre 1857 elle n’avait en réescompte que 5 millions d’effets. Malgré l’élévation du taux de l’escompte, qui n’atteignit jamais en Belgique 6 pour 100 dans les plus mauvais jours, grâce aux bénéfices répartis entre les sociétaires, qui depuis quatre ans s’étaient maintenus au chiffre de 13 pour 100, et qui en 1857 ont atteint 13,40 pour 100, les frais d’emprunt ont été singulièrement amoindris. Un tel succès dans une année aussi calamiteuse permet de répondre de l’avenir de l’établissement.

En résumant les principes sur lesquels repose l’Union du Crédit à Bruxelles, on peut dire que pour les prêteurs l’institution élève la solvabilité d’une signature individuelle à la hauteur d’une solvabilité collective, garantie par ce qui est la base réelle des banques gouvernementales elles-mêmes, c’est-à-dire la solvabilité mutuelle des débiteurs, et que pour les emprunteurs elle réduit les frais à payer aux seules dépenses pour intérêts, frais généraux et risques, c’est-à-dire aux dépenses indispensables, en écartant l’élément actionnaire, qui peut être le plus intelligent de tous, mais qui n’est pas à coup sûr le moins avide.

L’Union du Crédit de Bruxelles n’est pas la seule qui existe en Belgique; il y en a une à Gand et une autre à Liège[1]. Celle de Liège, fondée au mois de juin 1856, comptait en décembre 1857 141 sociétaires avec un capital de garantie de près de 1,100,000 fr., et avait réalisé pour 740,000 fr. d’escomptes. La société de Gand compte une année de plus d’existence, et réunissait à la même date 233 sociétaires avec un capital de garantie de 2,261,000 fr. Son fonds de roulement s’élevait à 143,000 fr., et elle avait escompté en 1857 près de 5 millions d’effets, en répartissant aux sociétaires un bénéfice de 9 pour 100. Dans ce nombre de 233 associés, on

  1. Une union du crédit a été fondée en 1858 à Chambéry sur les bases de celle de Bruxelles.