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des gisemens presque intacts, mais que souvent aussi ils traitaient de friponnerie l’intelligente perspicacité de ceux qui cherchaient à ouvrir de nouveaux champs à l’exploitation aurifère. Ce fut l’histoire des Gold Bluffs, littéralement mondrains d’or. En janvier 1851, quelques explorateurs aventureux, qui avaient remonté la côte du Pacifique jusqu’à soixante-dix lieues au nord de San-Francisco, rapportèrent dans cette ville la nouvelle de la plus splendide de toutes les découvertes. Selon eux, les bords de l’Océan près de l’embouchure de la rivière Klamath étaient couverts de sables d’une incalculable richesse: 2 dollars par kilogramme semblaient une faible estimation d’un aussi prodigieux trésor; les plus enthousiastes allaient jusqu’à décupler ce chiffre, et d’après eux il suffisait de se baisser pour ramasser l’or. L’engouement fut bientôt universel, la Pacific Mining Company se forma pour exploiter ces rivages merveilleux, et, à peine émises, les actions montèrent comme si déjà la caisse eût regorgé de la précieuse récolte. Le principal journal de la ville, l’Alta California, promettait aux actionnaires la modeste somme de 43 millions de dollars, en fondant ses calculs, avait-il soin d’ajouter, sur une proportion d’or dix fois inférieure à celle dont l’expérience semblait garantir l’exactitude. En quelques jours, huit bâtimens mettaient à la voile, chargés d’émigrans avides de participer à ces éblouissans dividendes, mais l’illusion fut de courte durée : la poudre d’or était trop fine pour qu’on pût la séparer du sable par les grossiers procédés alors en usage. Les navires ramenèrent au port les mineurs désappointés, ce fut à qui se débarrasserait des actions de la Pacific Mining Company, et l’affaire fut proclamée un vol éhonté. Cinq ans plus tard, lorsque dans les mines de l’intérieur on eut appris à compléter le lavage par l’amalgamation, on songea également à utiliser le mercure pour le sable des Gold Bluffs, et l’on reconnut qu’il était possible d’en retirer, sinon 43 millions de dollars, au moins de 1,400 à 1,500 francs par tonne de minerai, de sorte qu’aujourd’hui l’exploitation s’y poursuit avec une activité qui semble promettre un rapide et prochain développement.

Les péripéties des mines de quartz sont du même ordre. Dès les premiers temps qui suivirent la découverte des placers, on avait reconnu que l’or contenu dans le sol n’était pas exclusivement mélangé aux terres, et qu’une grande partie s’en trouvait répandue dans des filons de quartz d’une richesse souvent considérable, et d’une importance qu’aujourd’hui tout de plus en plus tend à représenter comme indéfinie. Une association de capitaux était ici d’absolue nécessité pour subvenir aux inévitables frais de main-d’œuvre et d’outillage ; ces capitaux associés, l’Angleterre se chargea de les fournir. Les chances de ces entreprises furent dépeintes à Londres