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accrues jusqu’en 1852, époque à laquelle les premières atteintes de l’oïdium sont venues momentanément tarir cette précieuse source de richesse. L’importance de ce commerce agricole s’explique aisément. Peu de pays produisent le vin, tous désirent en boire. Tandis que les céréales se cultivent partout, que certaines variétés mûrissent même jusque dans les terres polaires, la vigne, plus délicate et plus difficile, ne consent point à se vulgariser en tous lieux. Trop sensible au froid, elle ne dépasse pas le 50e degré de latitude, et n’atteint même cette hauteur que dans quelques expositions privilégiées; trop sensible au chaud, elle ne descend point plus bas que le 30e degré, et encore exige-t-elle dans cette zone étroite des conditions de climat, d’exposition, de sol, qui l’y rendent fort rare, et qui l’ont reportée presque exclusivement sur la pointe ouest d’Europe, en France, en Espagne, en Italie, dans quelques parties de l’Allemagne et quelques localités d’Asie et d’Amérique.

La France est par excellence privilégiée pour cette culture. Son vin peut avoir moins de richesse alcoolique que le vin récolté sous les climats plus chauds de l’Italie, de la Sicile, de l’Espagne, de Madère, du cap de Bonne-Espérance; mais il rachète ce défaut par une incontestable supériorité de qualités hygiéniques et d’arôme. Enfin la France est sans contredit le pays qui produit le plus de vin, qui en consomme le plus, et qui en fait les exportations les plus considérables. Nos provinces du midi forment le centre de cette importante production. Ouvertes à deux mers, elles peuvent aisément expédier au loin l’excédant de leurs récoltes. Beaucoup de vins, parmi ceux même de la France qui se récoltent plus au nord, ne peuvent supporter sans altération le séjour à la mer; les crus du midi s’améliorent au contraire dans les diverses vicissitudes de chaud et de froid, dans leurs voyages maritimes, dans le balancement perpétuel des navires. Il y a là comme un fait providentiel pour la prospérité de notre pays.

Cette production n’a pas encore atteint tout son développement[1]. Beaucoup de terrains où l’on cultive le blé donneront, convertis en vignobles, plus de profit quand nos moyens de transport permet- tront aux céréales de se répandre facilement de nos provinces qui sont le plus aptes à les produire dans celles qui conviennent le plus spécialement à la vigne. Lorsque cette réforme se sera opérée graduellement, l’étendue de nos bons vignobles sera plus que doublée ; par contre-coup, la vigne disparaîtra de beaucoup de terrains où elle ne donne que des produits détestables, mais

  1. La vigne occupe actuellement 2 millions d’hectares en France. Elle s’est accrue en cinquante ans de 500,000 hectares, bien que l’heureuse influence des voies de communication commence à peine à se faire sentir pour elle. Nous avons certainement plus d’un dixième du territoire, soit 5 millions d’hectares, cultivable en vignobles avec succès.