Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 19.djvu/831

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

périodes du monde, et qui naturellement devraient être placés dans les profondeurs du globe. Les déchirures de la planète ont mis à découvert non-seulement des fossiles, mais encore de l’or, de l’argent, et plusieurs autres métaux; les bouleversemens du monde ancien ont ainsi profité aux hommes. On sait combien de richesses ont fournies les mines du Haut-Pérou. Située à plus de 4,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, Potosi, malgré sa température glacée, est devenue une ville puissante; en quarante années, elle produisit 555 millions de francs. Aujourd’hui elle est déchue de sa splendeur. Il en est de même d’Oruro : une seule mine située dans le voisinage de cette dernière ville rapporta en cinq années à son propriétaire 30 millions de francs. Depuis la guerre de l’indépendance, les travaux ont été interrompus; la plupart des galeries sont inondées : « Je pensai, dit Alcide d’Orbigny, en voyant ces mines si riches abandonnées, qu’il serait peut-être facile de vider les eaux et de continuer alors à recueillir des millions; mais il faudrait des machines qu’il serait difficile de se procurer avec les moyens de transport actuels. » Nous avons souvent entendu le savant explorateur exprimer cette opinion ; il ne doutait pas qu’une compagnie, munie d’un matériel convenable, pût réaliser des bénéfices immenses.

Lorsqu’un voyageur, au milieu des plus beaux paysages, dans les forêts les plus majestueuses, découvre des hommes, quelque dégénérés que soient ces hommes, il laisse la nature pour les considérer. Les sauvages ne sont que notre image défigurée; mais dans ce miroir, nous aimons à retrouver quelques-uns de nos traits. Qu’est-ce donc lorsque nous rencontrons des peuples qui nous présentent des traces de civilisation! Quand d’Orbigny arrive dans les temples ruinés des anciens Péruviens, naturaliste, il oublie un instant la nature. Il découvre des vases, des statuettes, des momies, il relève les plans, et nous conserve la description de plusieurs monumens. Parmi les ruines qu’il visita, il faut surtout citer Tiguanaco sur les bords du lac fameux de Titicaca. Là sont les plus anciens témoins de l’histoire des Péruviens : Tiguanaco est le berceau de la civilisation des Incas et du culte du soleil. De superbes monolithes gisent sur le sol. Un grand nombre de bas-reliefs décorent les murs restés debout : ils représentent des hommes, des animaux tels que des condors, des lamas, des jaguars, et des ornemens variés. Parmi ces ornemens, on remarque souvent des soleils, emblème de la religion des Incas. Les antiquités péruviennes ne sont pas sans quelque ressemblance avec celles des pays de l’ancien monde. Cette ressemblance résulte-t-elle de ce que tous les peuples commencent de même, ou de ce que les Péruviens sont sortis de l’Orient et ont conservé quelques traces de leurs mœurs originaires? C’est une ques-