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provinces italiennes aux conditions propres de leur existence pour les entraîner dans la sphère de l’action et des intérêts de l’empire, elle a tendu sans cesse à rattacher les autres états de la péninsule à une politique dont le dernier mot, à vrai dire, serait un assemblage d’indépendances nominales sous une suzeraineté protectrice et dirigeante. Depuis 1815, le cabinet de Vienne a marché vers ce but avec autant de persévérance que d’habileté, en se servant de tous les moyens que sa position militaire lui donnait, ou que les circonstances pouvaient lui offrir. Quelquefois il s’est servi des intérêts du commerce, et c’est ainsi qu’il signait en 1852 une union douanière avec les duchés de Parme et de Modène. Depuis qu’on fait des chemins de fer, il a multiplié ses négociations et ses efforts pour coordonner tous les projets ou les lignes en construction au système impérial. Il est aussi des circonstances où il a eu recours à des moyens d’un ordre plus élevé. L’acte le plus hardi de cette politique a été certainement le concordat avec Rome, acte qui, au prix de concessions immenses, au prix de l’abandon d’un régime devenu traditionnel, avait l’avantage de rétablir une sorte d’alliance entre l’empereur et le pape, et d’imposer à l’église l’apparence d’une solidarité avec la puissance autrichienne en Italie. Mais, en fin de compte, le témoignage le plus palpable, le plus net de cette politique, c’est l’intervention, — l’intervention matérielle, avec des intermittences qui lui ôtent à peine le caractère d’un fait systématique et permanent.

Qu’on examine bien : en 1821, l’Autriche intervient à Naples et elle y reste six ans, et cette intervention n’est pas un fait local. Sous le voile d’un droit de passage pour ses troupes, l’Autriche occupait en réalité pendant le même temps la Toscane, les duchés, les Légations, tandis que d’un autre côté la révolution piémontaise l’avait amenée à Alexandrie. Le caractère de ces mouvemens militaires n’avait rien de mystérieux. « L’intention du gouvernement autrichien, disait le ministre de France en Toscane, est de faire promener ainsi des troupes dans les différens états d’Italie pour s’y bien assurer de l’esprit public. » En 1831, la Toscane n’échappait à une occupation nouvelle que par l’énergie du ministre Fossombroni, qui refusait de mettre sa signature sur un ordre porté au conseil par le grand-duc lui-même ; mais les Autrichiens intervenaient à Modène et à Parme, et ils allaient dans les Légations pontificales, où ils sont restés sept ans. Les événemens de 1848 ont ramené la même situation. L’Autriche a campé à Livourne et à Florence pendant six ans, bien que le grand-duc eût été rappelé par un mouvement spontané de la population elle-même ; elle n’a quitté Parme qu’en 1855, et après dix années d’occupation elle est encore à Bologne et à Ancône.